jeudi 5 mars 2020

Être seul avec soi-même


Vous allez me dire que c’est une évidence. Vous avez raison, mais il est bon de s’attarder un peu sur ce que cela signifie. Peu importe ce que nous faisons, tout nous revient d’une façon ou d’une autre.  On a beau vivre dans une collectivité, il n’en reste pas moins qu’on est toujours seul avec soi-même. Il y a bien ces périodes d’ennui ou d’isolement où on a l’impression qu’une partie de notre vie nous manque et cela nous amène à vouloir nous réconcilier avec la vie et on ne sait pas comment faire.

On est n’est pas à l’abri du doute. On a l’impression ou la certitude que notre vie n’est pas pleine, qu’elle pourrait être encore plus pleine. Probablement c’est ce qui caractérise notre finitude, ce besoin de se projeter même si on ne sait pas ce que serait la plénitude de notre vie. Si on vit un manque, une impression que notre assiette n’est pas pleine, vous allez me suggérer de changer d’attitude, de jeter un regard différent, de revoir mes principes, de sortir des sentiers battus, de sortir de ma routine, bref d’être créatif, d’avoir du mouvement. Comme vous avez raison.

Il est vrai que la routine permet de ne pas dépenser trop d’énergie, de vouloir la paix, mais la vie peut devenir plate à cause de ce manque de créativité. La conscience caractérise l’humain que je suis. Si je regarde autrement, si je m’élève, il se peut que je perde l’illusion de manquer ma vie. Admettons que j’accepte qu’il est normal pour un être humain de ne pas être correct. Cette attitude m’enlève beaucoup d’anxiété et c’est déjà beaucoup. Il faut trouver une manière d’avoir du plaisir. Il est évident qu’on se crée des limites, un plafond. On se sent alors vulnérable. Alors, il faut briser ses limites pour faire disparaître l’anxiété.

Quoique l’anxiété nous atteint sournoisement, car nous vivons à une époque où toutes les tragédies humaines, les catastrophes nous sont communiquées en temps réel. Même si on est loin des médias sociaux, il y a toujours une personne pour nous demander si on est au courant de ceci ou de cela. En lisant La servante écarlate ou en regardant cette série télévisée comment voulez-vous ne pas avoir des rêves qui virent au cauchemar.

Il faut dire que l’actualité nous sert bien des drames. Même si je m’étends sur le fait qu’on est seul avec soi-même, on est un être social. On ne peut ignorer l’autre. Et puis, il y a cette nature qu’on peut admirer du moins ce qui en reste.

mardi 15 octobre 2019

Célébrer la vie


On me demande dans mes futurs écrits de célébrer la vie plutôt que de m’apitoyer sur notre condition humaine. On me dit : « Jacques, tu as déjà trop écrit sur la vieillesse et ses malheurs multiples, sur la mort inévitable, sur la finitude de l’être humain et moult autres sujets qui portent le bipède sans plumes à vouloir disparaître à tout jamais de la surface de la terre. »

Bon, relevons le défi de célébrer la vie. Par où commencer? Tiens, l’économie. Ah bon, on n’aura jamais notre pleine indexation, on s’appauvrit de plus en plus et nous ramasser dans un centre d’hébergement va nous coûter la peau des fesses. Tu t’écartes, mon Jacques. Tu dois célébrer la vie. Ah oui, 1 % détient toute la richesse. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Les Amazon, Facebook, Google, Apple contrôlent nos vies et savent ce qu’on aime manger, où voyager, où s’habiller, etc. De plus notre pauvre Desjardins se fait voler nos données identitaires par milliers. Tu t’écartes, mon Jacques. Tu veux que je louange le règne de l’auto, le transport du pétrole par trains ou pipelines?

Bon, essayons de trouver une fissure à quelque part où je pourrais célébrer la vie. Ah la politique… Au moment où j’écris ces lignes il y a dans ma Beauce natale un candidat climato-sceptique, anti-immigration, contre la gestion de l’offre, etc. Et les autres? Paroles, paroles, paroles me chanterait Dalida.

Allons du côté de nos viscères pour louanger la vie. On ne sait plus quoi manger, Fruits et légumes sont suspects à cause des pesticides. Nous devons laisser tremper nos raisins au cas où… La viande? Voulez-vous nous faire harceler par les véganes et les végétaliens. Et ces animaux qu’on ne laisse plus brouter en paix.

Au plus profond de toi-même, tu ne veux pas célébrer la vie n’est-ce pas? Oui, oui, je veux célébrer la vie même si l’art de s’épanouir dans un monde incertain est difficile. Pour célébrer dignement la vie, il faut avoir trouvé un sens à la vie. Aujourd’hui, on s’inquiète sur la l’avenir de la planète. On entend dire que des jeunes ne veulent plus mettre des enfants au monde, car la capacité de notre planète à nous nourrir a atteint ses limites.

Il faudra dans un autre article que je retrouve la route du sens, cette fameuse route qui me conduira à célébrer la vie.

mercredi 3 juillet 2019

Vieillir en sagesse

Encore une fois, je sors de mon lit en me disant que chaque lever me rapproche de la ligne finale fatidique. Vous allez penser que je vais encore écrire sur un sujet qui déprime et croire que ma vie de septuagénaire est d’une tristesse absolue. Absolument pas! Bien au contraire, malgré le fait que je ne puis nier ma courte promenade terrestre, le fait de se donner de la perspective et surtout de relativiser me permet d’inventer des façons de vieillir qui soient toutes nouvelles.

Alors oublions que chacune de mes respirations me rapprochent de la mort. Constatons que la destinée humaine a été et est toujours au centre de mes questionnements existentiels. Est-ce que le fait de vieillir empêche de trouver la vie intéressante?

Quand je regarde ma place dans l’univers et que je mesure avec modestie cette place, je m’étonne et je réalise la chance que j’ai d’être encore en vie et surtout d’arrêter d’avoir peur de vieillir, car c’est la seule façon de rester en vie. Le déclin physique et mental guette tout le monde. Je ne peux y échapper. Dans le mot vieillir, il y a le mot vie.

Célébrer la vie chaque jour, pourquoi pas! Je me convaincs chaque jour de l’importance de faire le ménage dans mes mémoires surtout celles qui empestent mon existence. Je connais trop de personnes qui pleurent ad nauseam une séparation, la mort d’une personne, etc. Réaliser que la personne la plus importante est soi-même et que rien qui nous arrive n’est le fruit du hasard. Dans tout, il y a quelque chose à comprendre.

C’est un cliché d’affirmer que je viens au monde seul et que je vais quitter ce monde seul, mais comme il est véridique.

samedi 30 mars 2019

Ce n'est qu'un rêve

Il y a de ces matins où j’aimerais oublier certains rêves qui émergent de zones inconnues de ma personne. En regardant cette autre journée qui s’éveille, j’ai décidé de créer un rêve qui restera hélas qu’un rêve à moins qu’un miracle ne se produise. On ne sait jamais. Tout est possible dans notre terrestre de vie.

De ce cher passé, pourquoi ne pas garder que de bons souvenirs de joie, de partage et de bonheur même si ces derniers ont été minimes. Si dans les jours qui viennent, j’arrêtais de me projeter dans le futur et encore moins d’aller faire des voyages dans les mauvais souvenirs du passé. Vivre tout simplement le moment présent sans me soucier de ce qu’il pourra bien se passer demain.

Je sais que le quotidien de ma vie ne sera pas parfait. Comment éviter les moments tristes, les coups de cafard, de colère, etc. La vie est faite de tout cela. Je sais que des collègues vivent quotidiennement des situations pénibles. Pour certains, c’est la perte d’un être cher et il faut alors apprivoiser la solitude. Il n’est plus là pour partager, se supporter, s’entraider. Pour d’autres collègues, c’est de prendre soin à longueur de journée de son être cher en perte d’autonomie. Se sentir alors seul dans cette nouvelle vie de proche aidant. Ne comptons pas sur cette chère société qui n’offre aucun répit. On a beau se dire que la vie c’est cela aussi. Il faut alors plonger au plus profond de soi et se dire qu’on sera plus fort qu’hier. La vie est trop courte et trop belle pour n’en garder que le mauvais.

Alors, mon rêve est d'aimer la vie dans les choses les plus simples, de nous aimer les uns les autres sans nous juger, sans nous critiquer ou essayer de nous changer, nous accepter avec les qualités et les défauts qui font ce que nous sommes. Le remède le plus efficace et qui surpasse bien des overdoses de pilules est l’amour dans le sens le plus noble de ce mot. Sans amour, à mon sens, on ne vit qu'à moitié. Je ne parle pas que de l'amour dans une relation amoureuse, mais de l'amour tout simplement ...il peut nous guérir de nos maux quotidiens, notre tristesse passagère, et de tellement de choses auxquelles on ne penserait pas.

Enfin pour terminer à élaborer ce rêve probablement utopique, pourquoi ne pas s’émerveiller tout simplement. Piétiner le négatif qui tente d’émerger. Rire ou du moins sourire quotidiennement même pour les choses les plus débiles. Surtout ne pas perdre espoir. Faire confiance à la vie. Voilà! Ce n’est qu’un rêve et je tenais à vous le partager.

mercredi 14 novembre 2018

Ecce homo


Oui, cet homme qui surgit des ténèbres d’une autre nuit se pose une terrible question existentielle que son café matinal aura peine à résoudre. Moi, je sais que j’existe. Aucun doute là-dessus, mais est-ce que Dieu existe vraiment? S’il existe vraiment, je me demande à quoi il ressemble et comment il intervient dans ma vie. S’il n’existe pas, je me demande pourquoi on l’a inventé.

Cet homme, cet ecce homo, n’est pas seul à vivre des moments de solitude, seul dans la maladie, dans le vieillissement et surtout devant la mort, la mienne ou celle d’un être cher. Je suis porté à penser que c’est pour combattre cette solitude qu’on a inventé Dieu.

Je ne vous apprends rien que la planète vit des moments qui sont d’une tristesse inouïe. Pourtant ce drôle de Dieu s’il existe n’intervient pas dans ce monde cruel. Famine, guerre, cupidité, aucun Dieu pour mettre fin à ces horreurs. Devant tout cela, je me sens tellement ridicule et insignifiant. Voltaire me soufflerait à l’oreille : « Jacques, cultive ton jardin, c’est ce qui compte. » Je l’entends ajouter l’importance de vivre même si Dieu n’existe pas. Sois un dieu pour toi-même et deviens de plus en plus une bonne personne.

Dans mon passé lointain, j’ai fait des études en théologie. Avec le recul du temps, je suis porté à penser que c’était du verbiage. Avancer en âge donne une certaine sagesse qui me fait rejeter les insignifiances ambiantes. Je sais que d’autres humains pensent différemment. La bienveillance me fait respecter le cheminement de chacun, mais Oh grand dieu, évitez de m’endoctriner. J’ai déjà trop bu de cette eau dans mon innocent passé.

Je sais que ces propos d’un homme à demi réveillé va causer de la peine chez plusieurs. La peine est une belle émotion. La foi est aussi un lieu de refuge rassurant qui nous évite de nous poser de véritables questions. En fait, la foi n’apporte aucune réponse. Elle nous laisse dans une obscurité totale. Cela ne nous empêche pas de vivre en pleine conscience et de s’émerveiller. C’est en regardant ma chatte Capucine qui se fout royalement de toutes ces questions existentielles que je retrouve une grande sérénité qui me permet d’apprécier ma tasse de café matinal Nabod.

mercredi 7 novembre 2018

Homo sapiens


Je me suis réveillé, ce matin, avec l’étrange sensation que dans un passé très lointain j’étais un chimpanzé. J’étais tanné de vivre dans le haut des arbres à courir après des fruits et d’avoir à protéger mon territoire et ma progéniture. C’est ainsi qu’après des milliers d’années, je suis devenu le bipède que je suis. Évidemment mon corps s’est transformé. Je ne suis plus le Cro-Magnon de jadis vivant dans le Périgord. Je ne suis plus le chasseur-cueilleur qui bouffait totalement tout son temps pour survivre. Je suis censé être maintenant un civilisé vivant dans le Nord des Amériques parce que mes ancêtres européens ont traversé l’Atlantique et se sont imaginé avoir fait une grande découverte. Imaginez! Ils se croyaient aux Indes.

Comment en arriver dans la jeune vingtaine à devenir un Jésuite? Eh bien l`être humain pour dominer et éteindre son emprise sur d’autres congénères a inventé des mythologies comme les religions, les systèmes politiques, les idéologies de toutes sortes, etc. Pensant bien faire de ma vie, j’ai bu de cette eau sans me poser de question. C’est ainsi que j’ai fait le vœu de pauvreté alors que les jésuites étaient propriétaires de collèges, des terres, des donations de toutes sortes. J’ai fait le vœu de chasteté sans trop comprendre pourquoi je devais renoncer à l’évidente réalité d’être un être sexué. L’obéissance? Quelle arme de sujétion!

Dans ma cellule à Saint-Jérôme où je devais méditer plus d’une heure chaque matin, j’aurais dû comprendre que ce Dieu que je priais ne me donnerait jamais de réponses. Je ne suis pas le seul à supposer qu’il a été créé par des bipèdes comme moi pour combler leur solitude ou leur angoisse existentielle. J’aurais dû comprendre que les milliers d’années qui précèdent mon ère chrétienne, les humains avaient inventé d’autres manières de combler leur solitude ou leur besoin de solidarité dans quelques mythologies qui leur faisaient du bien.

Comme plusieurs j’ai cherché le bonheur à l’extérieur de moi. Aujourd’hui, j’ai la pleine conscience que le bonheur est à l’intérieur de moi. Inutile de chercher ailleurs. Dans le calme, la simplicité, la tranquillité ce bonheur est toujours accessible.

jeudi 1 novembre 2018

Il y a tant à faire

Je me suis réveillé en sursaut en cette matinée nuageuse d’automne. Me trottait dans la tête cette chanson de Daniel Bélanger : « Il y a tant à faire ». Je dois vous avouer très humblement que gérer le temps est l’épreuve de ma vie. Combien d’agendas envoyés à la poubelle au cours de ces 80 années de ma terrestre vie.

À la retraite, je croyais à tort pouvoir me débarrasser de cet intrus dans ma vie. Comble de malheur, je l’utilise plus que jamais même pour noter la plus stupide niaiserie comme placer la poubelle au chemin le mardi. Ces derniers temps, ma mémoire m’a fait vivre un malaise dont j’ai peine à me remettre. Voici. Par hasard, je croise à l’épicerie une ex-enseignante retraitée dont je n’ai pu reconnaître le visage. Pourtant au cours de ma carrière, je dois bien avoir été dans les mêmes lieux au moins pendant 15 ans.

Alors pendant que je ramassais les feuilles que le vent d’automne amène sur ma  pelouse, je me posais la question existentielle suivante : qu’est-ce que le temps? Inutile d’imaginer que nous pouvons arrêter le temps de fuir. Fuir, mais où? Inutile aussi de me rappeler que je vis dans un espace-temps. Je sais cela. Nous savons tous cela. C’est une évidence.

Pour un retraité, est-ce possible de prendre son temps? Oui, au début, on prend son café matinal sans se soucier du temps, mais vient un moment où le vertige nous atteint. Il faut agir, car il y a tant à faire. C’est une course contre la montre. Il ne faut plus perdre une minute de ce précieux temps.

Alors me revient dans la tête mon ver d’oreille à l’origine de ce propos.

Il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
Une longue nuit... il y a tant à faire

Oui, le temps n’est plus au regret. Il faut me ressaisir

Me ressaisir en pensant au peu de temps qu’il me reste à vivre. Ah je vous entends me souffler à l’oreille que du temps j’en aurai abondamment quand je mettrai le pied dans l’éternité. Je serai probablement en dehors de nos paramètres terrestres d’espace-temps. Je serai dans une autre dimension ou peut-être tout simplement à nulle part. Alors il y aura peu à faire. Et ce n’est pas ridicule. Il me sera alors facile de m’immiscer dans la lumière ou dans des trous noirs où un long temps m’attend.