Encore une fois, je sors de mon lit en me disant que
chaque lever me rapproche de la ligne finale fatidique. Vous allez penser que
je vais encore écrire sur un sujet qui déprime et croire que ma vie de
septuagénaire est d’une tristesse absolue. Absolument pas! Bien au contraire,
malgré le fait que je ne puis nier ma courte promenade terrestre, le fait de se
donner de la perspective et surtout de relativiser me permet d’inventer des
façons de vieillir qui soient toutes nouvelles.
Alors oublions que chacune de mes respirations me
rapprochent de la mort. Constatons que la destinée humaine a été et est
toujours au centre de mes questionnements existentiels. Est-ce que le fait de
vieillir empêche de trouver la vie intéressante?
Quand je regarde ma place dans l’univers et que je
mesure avec modestie cette place, je m’étonne et je réalise la chance que j’ai
d’être encore en vie et surtout d’arrêter d’avoir peur de vieillir, car c’est
la seule façon de rester en vie. Le déclin physique et mental guette tout le
monde. Je ne peux y échapper. Dans le mot vieillir, il y a le mot vie.
Célébrer la vie chaque jour, pourquoi pas! Je me
convaincs chaque jour de l’importance de faire le ménage dans mes mémoires
surtout celles qui empestent mon existence. Je connais trop de personnes qui
pleurent ad nauseam une séparation, la mort d’une personne, etc. Réaliser que
la personne la plus importante est soi-même et que rien qui nous arrive n’est
le fruit du hasard. Dans tout, il y a quelque chose à comprendre.
C’est un cliché d’affirmer que je viens au monde seul
et que je vais quitter ce monde seul, mais comme il est véridique.