Je ne sais pas si le fait qu’une autre année va s’ajouter
à mon existence terrestre que je me suis réveillé en me posant cette question :
Qu’est-ce que le temps? Cette alternance entre le jour et la nuit n’est-ce pas
cela qui me fait mesurer le temps? Si je vivais dans les pôles de mon globe est-ce que ma façon de voir
le temps serait la même? J’en doute énormément.
Dans ma jeunesse où j’ai vécu ces huit années du cours classique qu’il était long le temps pour
arriver à la prise de ruban. Lors de ces vacances d’été je trouvais que le
temps courait trop vite. Pourtant quand l’octogénaire que je suis regarde le
temps écoulé il trouve qu’il fut très court.
Quand je visite ma nonagénaire de tante qui me parle à
chaque fois qu’elle veut arrêter sa destinée terrestre et vouloir que son âme
quitte son vieux corps, je me demande pourquoi cet empressement d’arrêter le
temps qui égrène sa vie. Sera-t-elle plus heureuse hors de son corps matériel?
J’ai beau lui expliquer que dans son au-delà elle
passera bien du temps à se remémorer le bon temps qu’elle a passé sur sa terre
beauceronne. Pourquoi cet empressement puisque que c’est dans son corps
matériel qu’elle pouvait vivre des expériences et meubler cette mémoire que son
âme emportera dans son nouveau monde où il n’y aura plus la nuit et le jour
pour le découper.
Longtemps, j’ai cru que le temps se mesurait en
années, en événements, en réalisations. J’ai compté les jours, les saisons, les
projets accomplis. Mais plus j’avance, plus je comprends qu’il se mesure
autrement : en profondeur vécue,
en paix intérieure, en gratitude.
Ce que je prenais jadis pour des pertes — la
disparition d’êtres chers, l’effacement de certaines forces, la lenteur des
gestes — devient aujourd’hui une autre forme de connaissance : celle de la
finitude acceptée.
Boire un café chaud le matin, marcher lentement,
observer un oiseau dans le jardin — tout cela prend une importance nouvelle, parce
que je sais que rien n’est garanti, que tout est grâce si ce mot veut dire
encore quelque chose aujourd’hui. Je termine en écrivant que vieillir, c’est
entrer dans une autre qualité du temps.
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