Je me suis réveillé en sursaut en cette matinée
nuageuse d’automne. Me trottait dans la tête cette chanson de Daniel
Bélanger : « Il y a tant à faire ». Je dois vous avouer très humblement
que gérer le temps est l’épreuve de ma vie. Combien d’agendas envoyés à la
poubelle au cours de ces 80 années de ma terrestre vie.
À la retraite, je croyais à tort pouvoir me
débarrasser de cet intrus dans ma vie. Comble de malheur, je l’utilise plus que
jamais même pour noter la plus stupide niaiserie comme placer la poubelle au
chemin le mardi. Ces derniers temps, ma mémoire m’a fait vivre un malaise dont
j’ai peine à me remettre. Voici. Par hasard, je croise à l’épicerie une
ex-enseignante retraitée dont je n’ai pu reconnaître le visage. Pourtant au
cours de ma carrière, je dois bien avoir été dans les mêmes lieux au moins pendant
15 ans.
Alors pendant que je ramassais les feuilles que le vent d’automne amène sur
ma pelouse, je me posais la question
existentielle suivante : qu’est-ce que le temps? Inutile d’imaginer que
nous pouvons arrêter le temps de fuir. Fuir, mais où? Inutile aussi de me
rappeler que je vis dans un espace-temps. Je sais cela. Nous savons tous cela.
C’est une évidence.
Pour un retraité, est-ce possible de prendre son
temps? Oui, au début, on prend son café matinal sans se soucier du temps, mais
vient un moment où le vertige nous atteint. Il faut agir, car il y a tant à
faire. C’est une course contre la montre. Il ne faut plus perdre une minute de
ce précieux temps.
Alors me revient dans la tête mon ver d’oreille à
l’origine de ce propos.
Il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
Une longue nuit... il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
Une longue nuit... il y a tant à faire
Oui, le temps n’est plus au regret. Il faut me
ressaisir