Le
mystère de la vie
Souvenirs campagnards débridés
On se l’est fait servir souvent quand on posait une
question embarrassante : C’est un
mystère. Par exemple chercher à savoir comment Marie a pu mettre au monde
Jésus tout en restant vierge. Aucun prêtre n’avait une réponse scientifique. On
se réfugiait dans un acte de foi ou un mystère.
À la question que je pouvais poser d’où venait les si
nombreux enfants que ma mère mettait au monde, on recevait une réponse très
énigmatique. C’était les sauvages qui les amenaient. Aujourd’hui on dirait
comme dans La petite vie que c’est
un terme culturel d’époque que ce mot. Cette réponse laissait un doute dans mon
esprit pour plusieurs raisons. La plus évidente est que je n’avais jamais vu un
sauvage aux environs de la maison. Le seul qu’on pouvait voir dans les hôtels
de Saint-Georges était Bill Wabo, un personnage de la populaire série d’Un homme et son péché. Pas certain que
cet acteur était un amérindien. Peut-être dans sa descendance.
Ma mère a accouché à la maison presque tous ses
enfants, sauf les trois derniers. Le rituel était toujours le même. Elle vidait
la maison de ses enfants et les envoyait chez sa voisine d’en face du nom
d’Albertine. Mon regard curieux d’enfant naïf observait de la fenêtre l’arrivée
du docteur Rodolphe Maheu avec sa petite valise noire. J’appris plus tard que
ma mère lui avait préparé un gros plat de fèves au lard pour le sustenter, car
l’accouchement pouvait être assez long. Cependant il devait toujours avoir dans
sa valise noire un forceps pour forcer plus rapidement la venue de l’enfant ce
qui lui permettrait de regagner Saint-Georges plus rapidement.
Il faut dire qu’à cette époque religieuse où la morale
était rigide. La sexualité était un sujet tabou. Pas question d’assister à
l’accouchement de nos frères et sœurs. On ne parlait jamais de sexualité à la
maison. Même ce qui est étonnant, la morale sexuelle rigoureuse était appliquée
même à la ferme. Les jeunes enfants n’avaient pas le droit de se pointer à
l’étable pour voir une vache mettre au monde son veau. Il en était de même pour
la truie et ses cochonnets.
Cependant il était un endroit où on ne pouvait
appliquer les interdictions. C’était quand j’allais chercher les vaches pour la
traite. Je regardais avec un grand
étonnement le bœuf enfourcher une des vaches prête à recevoir la précieuse
semence. Je restais contemplatif et étonné à scruter la longueur étonnante de
l’instrument du taureau. J’en rêvais presque la nuit. L’autre activité qui
commençait à me mettre une puce à l’oreille était quand on allait promener la
truie chez le verrat reproducteur de Mendoza Vachon. À voir toute la
satisfaction et la maîtrise du porc, je n’arrivais pas encore étant trop naïf à
faire le lien avec les humains.
Alors une question vous hante. Quand ai-je appris
vraiment comment les humains se reproduisaient. Le doute commença à s’installer
lors des dimanches. Bien sûr, on allait à la messe et c’était un jour de repos
sauf s’il y avait apparence de pluie. Le
curé permettait qu’on ramasse le foin. Il y avait un rituel du dimanche à la
maison. Chaque après-midi nos parents nous demandaient d’aller jouer dehors et de
ne pas rentrer dans la maison sous aucun prétexte. Un fois alors que j’avais
soif, j’ai désobéi. En buvant ma gorgée d’eau actionné par une pompe, j’entendais
des roucoulements étranges venant de la chambre à coucher de mes parents la
porte étant fermée évidement. Ce n’est que rendu à l’adolescence que j’ai fait
le lien.
La vérité éclata un certain jour quand un copain de
mon école primaire me fit une confidence étonnante qui alluma définitivement
une chandelle dans mon petit cerveau innocent. Ce dernier avait vu une auto
garée sur le bord du chemin dans le rang Sainte-Évelyne. Curieux il jeta un
regard furtif par la fenêtre arrière de ce Ford 1944. Il vit sidéré un homme et
une femme accomplir l’acte non-conjugal sur la banquette arrière de l’auto. Il
me raconta ce qu’il avait vu encore sous le coup de l’émotion et avec son cœur
qui battait la chamade. Pour moi ce fut définitivement la révélation sans
équivoque du mystère de la vie. Restait la question à savoir si l’archange
Gabriel avait fait la même chose avec la vierge Marie sur un nuage loin du
regard des humains, mais cela reste toujours un mystère pour moi à résoudre.
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