Je suis le Père Noël
Je me cherche tout en marchant vers Compostelle
J’ai le mollet droit fatigué après six heures de marche
J’arrive enfin à l’auberge Puenta la Reina
Je n’ai pas faim et j’aperçois une machine Internet
Je vais naviguer un peu dans Cyberpresse
Je vois que tout un débat se déroule au Canada
J’entends cris et hurlements autour du mot nation
Je reconnais que le Québec forme une nation
Je ne savais pas qu’on venait de découvrir cela à Ottawa
J’ai toujours pensé que le Québec était un pays à venir
J’ai toujours pensé que le Québec formait un peuple
Je sais que le Québec n’est pas reconnu dans la Constitution
Je sais que cette Constitution a été rapatriée sans le Québec
Je sais qu’un parti sécessionniste trône à Ottawa
Je sais que les armes de guerre au Canada sont des mots
Je sens que cette polémique est très humiliante
Je sais que les anglophones ne veulent rien savoir
Je sais qu’ils ne veulent pas vivre un autre référendum
Je n’ose pas croire que le pays du Québec restera un rêve
Je suis victime d’un ordinateur dont l’écran gèle
Je ne suis pas fâché et la déprime me gagnait
Je retourne auprès des autres pèlerins
J’arrive à peine à ingurgiter quelque chose
Je songe à ma prochaine destination
Je devrai marcher 28 kilomètres pour l’atteindre
J’aurai le temps de réfléchir sur l’identité québécoise
J’aurai le temps d’oublier aussi ce psycho-drame
Je dors profondément à Puenta la Reina
Je sais ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je veux retrouver mon identité sur la route de Compostelle
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