Je suis le Père Noël
Je reprends tôt la route, les autres pèlerins dorment
Je préfère la solitude pour le moment
Je ne peux plus supporter le bla bla de certains
J’ai rencontré plusieurs pèlerins depuis le début de la marche
J’ai connu Alfred qui capote sur la performance
Je vois qu’il est hautement compétitif
Je sens que la dimension physique est sa tasse de lait
Je préfère ceux qui n’ont rien à foutre de marcher vite
J’ai une grosse bedaine et mon cœur pompe facilement
Je suis agacé par ces pèlerins performants qui marchent vite
Je ne comprends pas leur satisfaction d’arriver les premiers aux gîtes
Je passe parfois des nuits à ne pas dormir
J’assiste impuissant aux spectacles sonores des gros ronfleurs
Je dois dire aussi que je vois des éoliennes sur ma route
J’entends la musique lugubre de leurs hélices
Je me rappelle alors le débat qui fait rage en Gaspésie
Je vois les éoliennes défigurées les beaux paysages
Je vois le dieu argent saliver en suppliant Éole
J’apprends que Québec solidaire veut les nationaliser
J’ai à peine le temps de réfléchir sur la nation québécoise
Je suis interrompu par Albert le Pyrénéen qui a un fils à Montréal
Je croise Tom qui me raconte qu’il n’a plus d’emploi
Je rencontre une chanteuse d’opéra drôle et sympathique
Je suis abordé par Jonathan qui marche avec son père
Je vois qu’il trouve le trajet difficile parce qu’il a plu
Je vois qu’il peine à suivre la cadence
J’ai l’impression qu’il pense qu’on le voit comme un fils à papa
Je vous fais grâce des autres hurluberlus
Je ne sais plus trop ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je dois soigner cette nuit mon étirement musculaire
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