Le Dépère Noël devient boulanger à Copenhague

 

Je suis le Dépère Noël follement amoureux de ma Danoise
Je suis l’amant le plus comblé dans ce décor danois
J’essaie d’oublier les horribles tribulations brésiliennes
J’éprouve un sentiment d’urgence à rechercher le temps perdu

Je sais que j’avance en âge et qu’il y a du temps derrière moi
Je ne sais pas ce qu’il fut ce temps et comment je l’ai employé
J’ai quand même un sentiment de fatigue et d’effroi face à ce temps
Je sais que ce temps est attaché à moi et qu’il me supporte

Je sais que ce temps me suit et je me déplace comme je peux avec lui
Je suis ici non par hasard mais pour commencer une nouvelle vie
Je regarde ce lieu et j’éprouve de la gratitude comme jamais je n’ai senti
Je sais maintenant que dans tout ce qui se présente il faut faire un tri

Je vais chaque matin chercher le pain dans une boulangerie
J’adore humer les effluves de toutes ces bonnes pâtisseries
Je découvre et je devine ce que pourrait devenir ma nouvelle vie
Je décide avec la connivence de ma Danoise d’acheter la boulangerie

Je me lève au début de l’aube pour mettre une fournée de pains au four
Je me plais à servir les premiers clients attirés par l’arôme
Je converse avec l’une, je plaisante avec l’autre
Je suis devenu un simple boulanger heureux et utile à son quartier

Je ne me pose pas de graves questions
Je ne laisse pas poindre les interrogations
Je fabrique chaque matin mon pain avec dévotion
Je laisse les élucubrations aux cons

J’ai vaincu le temps
Je fais abstraction du temps
Je fais du pain et c’est tout ce qui compte
Je regarde, j’observe, je souris

Je suis le noëlique Dépère
Je suis près des humains
Je suis près de la nature
Je ne fais rien qui dénature

Je vis
Je vois
Je souris
J’aime