Ce matin, en me réveillant je me suis demandé qui je
suis. Suis-je la personne définie par ce qu’elle a fait? Et si c’est du passé,
la question demeure entière, qui suis-je maintenant? Pourquoi cette question
existentielle en ce matin pluvieux? C’est que j’ai reçu dernièrement les
confidences d’un collègue retraité qui m’a avoué être tombé littéralement en
dépression pendant deux ans après avoir quitté l’enseignement. Alors que
plusieurs vivent ces deux premières années d’une façon quasi euphorique, tel ne
fut pas le cas pour cet homme. Cela mérite une réflexion de ma part.
Je ne vous apprendrai rien en écrivant que l’être
humain est beaucoup plus que ce qu’il a fait ou fait au travail. Je connais
quelqu’un qui est ingénieur et qui est en même temps un excellent pianiste. La
retraite force la personne à se réinventer, à trouver en soi-même ses
ressources qui vont remplir l’espace laissé libre.
Prendre le temps de vivre, car la vie qu’on a est ce
qui est le plus précieux. On l’oublie et l’on perd un temps précieux à ne pas
vivre comme on devrait vivre. Cette course effrénée vers les biens de
consommation nous bouffe un temps précieux, celui d’avoir le temps de vivre.
Je me demande souvent où trouver le bonheur. Une
petite voix me dit de chercher à l’intérieur de moi-même. Cette course à
l’avoir nous empêche d’être. Souvent, c’est dans la sobriété qu’on retrouve
l’essentiel : vivre tout simplement.
Parfois, il m’arrive de me rappeler comment mon
enfance et mon adolescence étaient sous le signe d’une certaine pauvreté qui ne
m’empêchait pas d’être heureux. Le temps passe et bientôt je ne serai qu’un
vague souvenir pour ceux et celles qui ont été dans ma vie. Il me faut
réinventer l’art de vivre ces dernières années en aimant tout simplement la
vie.