Tous les jours
elle se pointait
À la même heure à
notre porte
Dans l'espoir souvent heureux
De cueillir nos
restes de table
Valderys elle se
nommait
Au visage d'ange
aux yeux tristes
Affamée comme pas
une
Tout comme sa pauvre
famille
Si je quittai
jadis le Brésil
Si je perdis ma
vocation
Si s'en furent mes
illusions
C'est à cause du
ventre affamé
De la petite
Valderys ma soeur brésilienne
Ma mauvaise
conscience jésuitique
Ne pouvait se
refaire une virginité
Abreuvé que j'étais
si abondamment
Aux mamelles de la
riche Compagnie
Qu'aurais-je foutu
comme sauveur nordique
Dans le pauvre
Nordeste brésilien
L'image des
pauvresses de Juazeiro do Norte
Les masures
dévastées de Cortes
Autant de clous
qui fermèrent
À tout jamais le
tombeau
De mes candides
illusions
Les milliards
dilapidés dans des guerres stupides
Ces milliardaires
qui se foutent des gens qui crèvent
Ces politiciens
manipulés par des groupes d’intérêt
Et nous qui
assistons à ce spectacle désolant
Et nous qui se
sentons si impuissants
Qu’adviendra-t-il
de notre pauvre planète?