En 2013, quelques jours avant la merveilleuse et
magique nuit de Noël, il a fallu qu’un petit drame personnel vienne ternir la
jubilation qui commençait à s’emparer de ma personne. Le Reflet, un bulletin destiné
aux personnes retraitées dont je suis le
responsable était pratiquement terminé. Quelques pages à ajouter, quelques
corrections à apporter et le petit Jésus pouvait renaître pour une 2013e
fois encore.
Et le drame fut. Le disque externe contenant les
précieux fichiers accumulés depuis des années rendit l’âme. Une mort sans
prévenir. Aucun avertissement qui m’aurait permis de faire une sauvegarde
ailleurs. Je me retrouvai subitement devant le néant total. Même ma propre chronique déjà rédigée et qui
avait le titre prémonitoire de
mortelle randonnée était partie dans les confins lointain du néant.
Ne me demandez pas de régurgiter à nouveau les
propos tenus dans cette chronique. Je ne m’en souviens plus. Je sais qu’il
était question que dès notre naissance nous vivons le début de cette aventure
mortelle qu’est l’existence humaine. Sortir du placenta de notre mère est déjà
un deuil à faire. Briser sa toupie, se casser une jambe, perdre ses dents de
lait, égarer son chat, etc. autant de
petits deuils à vivre.
Et que dire de l’adolescence avec tous ses rêves
avortés, ces choix terribles à faire devant un futur incertain : une seule
personne à aimer en exclusivité dans une union, un seul métier à envisager avant
qu’un seul autre plus pertinent se présente, une automobile qui rend l’âme
prématurément, des souliers qui s’usent, une nuit après l’autre qui s’envole.
Oui, j’écrivais que notre vie est une mortelle randonnée.
Probablement que vers la fin de mon texte, je
faisais allusion à nos vies jonchées de
mortelles disparitions, de diminutions corporelles, de vieillissement de l’être
qu’on contemplait jadis sans se fermer les yeux, de fatigue, de titubage, de
cataractes, d’insomnies, etc. Il me semble que je finissais sur une note d’espoir où il était question de
sagesse, d’acceptation, de lâcher-prise. J’en doute un peu suite à la réaction
que j’ai eu devant la dépouille de mon disque externe. Avant d’accepter
l’inévitable, j’ai vécu une période
émotionnelle très chargée. C’était du
déni suivi d’une violente colère.
Après avoir un bu une tasse de café assez corsé, je
me suis contraint à en revenir. Ce n’était tout de même pas l’annonce d’un décès, d’un cancer, d’un feu
ravageur, d’une catastrophe ferroviaire. Ce n’était qu’un insipide disque
externe contenant mes centaines d’heures
au service des personnes retraitées de l’enseignement. Je me suis
abandonné. J’ai lâché prise et j’ai accepté de voir la réalité comme elle
est : un disque externe caput.
Je venais une fois de plus de gérer l’éphémère.
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