Pour
mieux comprendre les propos du blogueur que je suis, il faut savoir que je suis
un retraité de l’enseignement, responsable d’un bulletin sectoriel et un
bénévole dans cette association de personnes retraitées.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi. Probablement pas! J’ai toujours l’agréable
surprise en me réveillant de constater que je suis toujours vivant. Si tel
n’était pas le cas, on devrait trouver une autre personne en catastrophe pour
rédiger le bulletin sectoriel, s’occuper du réseau social, etc. Quelle perte
aréquienne cruelle! J’aurais alors emporté
cette chronique quelque part dans les vastes espaces sidéraux. Mes poèmes qui
agitent convulsivement la condition humaine sombreraient dans le néant, un peu
comme un castrat qui cherche désespérément à vociférer des sons graves.
En effet, la perte de ma propre vie est une chose
qui me laisse songeur. C’est pourquoi la surprise d’être encore vivant chaque
matin illumine mon être et même si je n’ai encore rien fait de ma journée cette
évidence inéluctable me comble au plus haut point. N’allez pas croire que je
suis si zen que cela. Non, non, je cours et j’accoure comme vous le faites sans
nul doute. Il y a tant de choses à faire qu’on ne sait plus où donner de la
tête. C’est le cruel destin que doivent vivre quotidiennement les personnes
retraitées.
Vous vous demandez sans doute où je veux en venir
avec cette chronique. Consolez-vous! Je suis le premier à me le demander.
Probablement que si je me scrute moi-même, l’idée est que les petits bonheurs
quotidiens devraient suffire à donner une impulsion jubilatoire à nos
existences. Chaque fois qu’une personne frôle la mort, qu'elle réussit à
s’extirper d’une maladie pernicieuse, d’un accident qui aurait pu être fatal,
une voix intérieure s’élève et vient lui dire : profite de chaque minute, de
chaque heure, de chaque journée du fait
que tu es encore vivant.
S’il y a une personne sur cette terre qui devrait
comprendre et intégrer dans son être cette évidence, c’est bien la personne
retraitée. Ah, mais je vous entends vous exclamer : quel être naïf, quel
être disjoncté, quel con! Pourtant ce con qui publie le bulletin sait qu’on n’a
pas une minute à perdre. Il faut s’occuper de la condition des hommes, des
femmes, de l’environnement, du sociopolitique, de la santé des aînés, de
l’indexation. Arrêtez, arrêtez, vous allez me rendre fou. Ne le
suis-je pas déjà assez?
Quand on y songe sérieusement, c’est durant notre
vie active qu’on aurait dû s’attaquer et résoudre ces épineux dossiers. Alors
que le gros de nos préoccupations actuelles tourne à démêler nos pilules, à
vérifier nos artères, à se désoler de nos incontinences, à enterrer nos proches
et nos connaissances, à jouir maladivement de nos petits enfants et s’il reste
du temps à faire du bénévolat.
Je persiste à affirmer que rester en vie est tout un
défi. Nous ne sommes plus des jeunesses. Le fait de réaliser qu’on est encore
vivant chaque matin est une grâce, un cri de sagesse, une denrée rare, un don
précieux, un pied de nez à la mort.
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