samedi 20 janvier 2024

Ma terre, ma mère

 


Le cri d'Édith, cette jeune québécoise de 16 ans, sera-t-il entendu?

 

Je crie à qui veut m'entendre

Que des hommes au visage amer

Meurtrisse ma mère, ma Terre.

 

Je crie à qui veut m'entendre

Que des canons de haine

Transforment fleurs en cargo de peine.

 

Je crie à qui veut m'entendre

Que des cravates de pouvoirs inventés

Étouffent les rires de vos pensées.

 

Je crie à qui veut m'entendre

Que dansent amèrement des joies synthétiques

Au milieu de murs de béton fatidiques.

 

Je crie à qui veut m'entendre

Mais ma voix résonne dans une oreille sourde

Mon utopie est trop lourde.

mercredi 17 janvier 2024

Cent morts

 


Un autre poème écrit par un jeune. Je suis convaincu que les jeunes de la planète sont pacifistes. Ils ne veulent pas la guerre. Ils aiment voyager et sont ouverts aux différences, sources d'enrichissement. Pour eux, l'être humain prime sur les idéologies, les races, les langues, les religions. Ils sont les fils et les filles de la terre.

 

Cent morts pour toi

Cent morts pour moi!

Tant que nous vivrons

Et partagerons nos morts

Tous nos morts de guerre

Et tous nos morts de trahison!

Mille morts pour toi

Mille morts pour moi

Mille Libanais

Et mille Afghans

Fedayines, Israélites

Ou mille Africains

Mille Palestiniens

Mille morts pour nous

Que j'oublierai

Tant que je vivrai

Jusqu'au nom de chacun

Pour ne garder que le nombre commun!

Mille morts pour nous

Mille morts à retenir

Et pour combien de temps

Dans la mémoire vacillante!

Mille morts à retenir

Remplacés par mille morts à venir

D'une guerre nouvelle!

Mille morts de combats incessants

Mille morts de batailles mémorables

Oubliés déjà Dans la mémoire distraite

Mille morts à effacer

Par mille autres morts renouvelés

Mille morts pour toi

Mille morts pour moi

Mille morts à retenir

Mille morts à oublier

Et pour que l'on dise :

«Il s'est bien battu!»

Et pour que l'on dise aussitôt :

« Mille morts se sont bien battus!»

Mille morts pour toi

Mille morts pour moi

Liste trop longue

Pour la mémoire infidèle

Mille morts pour toi

Mille morts pour moi

À oublier!

dimanche 14 janvier 2024

Nouvelle tentative pour célébrer la vie


 

Il y a un temps pour dénoncer

Il y a aussi un temps pour regarder autrement

Je demande à mon corps

À ce véhicule de ma conscience

De se poser à quelque part

Confortablement

 

Je lui demande de fermer les yeux

De porter attention à sa respiration

D’être à l’écoute de ses sensations

De laisser passer ses pensées

Comme l’abeille qui butine

De fleurs en fleurs

 

Je lui demande d’imaginer une lumière

Venant des confins de l’espace

La regarder traverser son corps

Illuminer tout son être

Irradier tout autour de lui

Est-ce trop lui demander

De sentir une paix profonde

De laisser libre cours à ses émotions

D’être tout simplement sans juger

Demain il sera temps de t’inquiéter

Tu es chanceux de pouvoir

Dans la quiétude entrer en toi-même

Le pourrais-tu assis dans les ruines de Gaza

Où trouver l’espace dans une tranchée en Ukraine

Comment éviter un drone menaçant

Oui célèbre ta vie dans ta chaumière nordique

Inspire et expire profondément

Tu es un être de lumière

jeudi 11 janvier 2024

Mets les doigts sur ton clavier

 


Pas le temps de rester en panne

Il y a tellement de choses à écrire

En ces temps-ci dans ce monde

Où tout tient avec de la broche

 

Il y a ta tante nonagénaire

Qui supplie la mort de venir

Elle qui s’ennuie dans un RPA

Écris pour la soutenir

Car l’attente peut être encore

Assez longue avant que le destin

Vienne lui ouvrir d’autres portes

Où la lumière jaillira

 

Mets tes doigts sur le clavier

Il y a tant à écrire sur ce monde

Sur ces êtres qui se cherchent

Jette sur eux des brins de lumière

Des étincelles d’espoir

Écris-leur de trouver le bonheur

Dans les profondeurs de leur être


On ne sait jamais

Parfois un mot une phrase

Peuvent faire toute la différence

Constater enfin qu’on n’est pas seul

Dans ce monde dans cet univers

 

 

lundi 8 janvier 2024

En panne vraiment?

 


Vous ne me croirez pas! Je suis en panne d’écriture. Je n’ai plus le goût de divaguer encore sur la vieillesse, les fléaux qui affligent les personnes âgées et encore moins de scruter l’infinie mystère de notre mortalité. De gémir sur le Covid-19.

C’est vrai que je pourrais m’épancher sur d’autres sujets. À quoi bon houspiller certains de nos dirigeants comme celui  de la Russie, d’Israël, de la Chine ou du futur candidat républicain de notre pays voisin. Très facile devant mon ordinateur de gérer ce qui est ingérable à cause de la stupidité humaine. Je m’abstiens.

J'ai lu jadis un roman de Milan Kundera où il était question de l’insignifiance. Toute une réflexion autour de ce petit trou rond que nous avons tous au milieu du ventre : le nombril. Comment voulez-vous aborder la réalité en étant sérieux. Il y a tant de bavardage autour de nous. Ah oui, l’insoutenable légèreté de l’être.

Non, je n’ai rien à écrire. Pourquoi faire perdre des minutes précieuses à voir défiler des phrases creuses et sans intérêt pour les mortels que nous sommes. J’ai déjà concocté dans un certain lointain passé des poèmes. Qui a vraiment le goût de poétiser en ces temps incertains? Et philosopher encore moins. L’être en tant qu’être. Cela ne veut pas dire grand-chose quand un virus te tient dans ton lit.

Alors j’ai le goût de sombrer à mon tour dans l’insignifiance et à questionner l’énigmatique existence du petit trou qu’est le nombril. Espérer, croire que cela va aller mieux. Paroles, paroles chanterait Dalida. Non, je n’aurais pas dû écrire.

Cependant, un ami à qui je confiais ma panne d’écriture me supplia de dénoncer le sort réservé aux personnes âgées, de crier ma révolte de les voir arriver au terme de leurs existences, seuls, abandonnés. De crier haut et fort toute la honte qu’on devrait éprouver pour un pays développé comme le nôtre qui laisse ceux et celles qui ont bâti le Québec dans une telle détresse. En effet, cela mérite de continuer à écrire.

 


vendredi 5 janvier 2024

Célébrer la vie

 


Parfois on me demande dans mes futurs écrits de célébrer la vie plutôt que de m’apitoyer sur notre condition humaine. On me dit : « Jacques, tu as déjà trop écrit sur la vieillesse et ses malheurs multiples, sur la mort inévitable, sur la finitude de l’être humain et moult autres sujets qui portent le bipède sans plumes à vouloir disparaître à tout jamais de la surface de la terre. »

Bon, relevons le défi de célébrer la vie. Par où commencer? Tiens, l’économie. Ah bon, on n’aura jamais notre pleine indexation, on s’appauvrit de plus en plus et nous ramasser dans un centre d’hébergement va nous coûter la peau des fesses. Tu t’écartes, mon Jacques. Tu dois célébrer la vie. Ah oui, 1 % détient toute la richesse. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Les Amazon, Facebook, Google, Apple contrôlent nos vies et savent ce qu’on aime manger, où voyager, où s’habiller, etc. De plus notre jadis pauvre Desjardins se fait voler nos données identitaires par milliers. Tu t’écartes, mon Jacques. Tu veux que je louange le règne de l’auto, le transport du pétrole par trains ou pipelines?

Bon, essayons de trouver une fissure à quelque part où je pourrais célébrer la vie. Ah la politique… Au moment où j’écris ces lignes il y a un chef conservateur climato-sceptique, anti-immigration, qui est contre la taxe Carbonne, etc. Et les autres? Paroles, paroles, paroles me chanterait Dalida.

Allons du côté de nos viscères pour louanger la vie. On ne sait plus quoi manger, Fruits et légumes sont suspects à cause des pesticides. Nous devons laisser tremper nos raisins au cas où… La viande? Voulez-vous nous faire harceler par les véganes et les végétaliens. Et ces animaux qu’on ne laisse plus brouter en paix.

Au plus profond de toi-même, tu ne veux pas célébrer la vie n’est-ce pas? Oui, oui, je veux célébrer la vie même si l’art de s’épanouir dans un monde incertain est difficile. Pour célébrer dignement la vie, il faut avoir trouvé un sens à la vie. Aujourd’hui, on s’inquiète sur la l’avenir de la planète. On entend dire que des jeunes ne veulent plus mettre des enfants au monde, car la capacité de notre planète à nous nourrir a atteint ses limites.

Il faudra dans un autre texte que je retrouve la route du sens, cette fameuse route qui me conduira à célébrer la vie.

 


mardi 2 janvier 2024

La bête humaine



Réflexions poétiques  de l'une de mes étudiantes de 16 ans sur la bête humaine à l’époque où j’enseignais le français à des élèves de 5e secondaire.

Enfermée dans une grotte dont les parois m'observent
Les remparts se réfléchissent en moi et les images m'obsèdent
J'ai peur que la vérité s'échappe et me laisse prisonnière
Je sais que je resterai là flottant près de l'enfer

Absence de mots alors que les larmes s'écoulent
Tout le long des murs d'où ma souffrance découle
Aujourd'hui le monde se tourne vers des âmes perdues
Délaissant les milliards d'autres vies interrompues
Les yeux de l'univers regardent la vengeance
Les yeux de nos coeurs observent les anges

Ma haine tranchante se brise comme du verre
Mais la matière désunie en moi déchire la chair
Je sens mon corps qui s'en va au loin
Fuyant peu à peu ce dilemme sans fin
Est-il possible que je me sente parmi les miens
Au coeur d'une terre à nouveau sans parfum

Ont-ils peur de mourir, pour qui se battent-ils ?
Qui se sait trahi, contre quoi se hérissent-ils ?
On nous laisse pour héritage une idée que l'on cultive
En espérant qu'un jour la flamme en nous s'active
Chaque vie qui s'éteint est une flèche qui m'atteint

Citoyenne du monde j'appartiens au lointain
Je vis dans le silence, ils ont perdu leur innocence
Car souvent les hommes libres brillent par leur absence
Enfermée dans une grotte dont les murailles s'élèvent
Chaque pierre me renvoie la couleur de nos rêves
Sombre et humide la réalité m'étouffe

Bientôt le jour se lève et le vent froid se couche
Quelle place est la mienne dans le jardin d'Eden ?
Quelles places ont-ils dans le jardin de nos peines ?
D'un pas résolu on va vers l'ennemi
La cible reconnue on défend sa patrie
Prêt à se battre ou prêt à les abattre ?
Quel que soit l'adversaire, prêt à combattre
Cette peur quand mon sang autour de moi coulera
Savoir que mes illusions passent de vie à trépas
Rouge, le nuage de sang dérive vers l'horizon
Pour toujours les morts chantent à l'unisson

À nos yeux tous ne mériteront pas les hommages

Dans ce texte j'élève une sépulture à tous les sages, à toutes les victimes de passage.