En coupant des légumes lors d’une
journée pluvieuse, j’ai demandé à mes neurones d’aborder ce sujet très
existentiel qu’est le bonheur. Il faut dire que je sortais d’une pénible crise
streptocoque, ma gorge étant ravagée par un ensemble de microorganismes
ubiquitaires. Je trouvai alors le moment idéal pour réfléchir non pas sur le
malheur qui me terrassait, mais sur son contraire.
Si je fais un retour dans le temps,
force est de constater que mon bonheur enfantin n’est pas celui d’aujourd’hui.
Explorer une flaque d’eau quand on a 4 ans est un plaisir bonheurial immense.
Courir après un papillon, entendre croasser une grenouille, contempler un
cochon se prélasser dans la vase : du pur bonheur.
À l’adolescence, le bonheur devient
quelque chose de plus compliqué. D’ailleurs, tout est compliqué à cet âge. Je
crois qu’une journée de tempête où on annonçait que toutes les écoles étaient
fermées était le nec plus ultra du bonheur.
Mais ne nous égarons pas et revenons à
la faune enseignante à laquelle j’appartiens. Voir la réussite scolaire de nos
jeunes était une source de bonheur immense. Faire reculer les murs de
l’ignorance, rendre verte son école absente de fumée : du scolaire
bonheur.
Mais je m’égare. Je veux réfléchir sur
cette période où la plupart de ceux et celles qui lisent ces lignes sont
embarqués dans le fameux TVG qui les amène au terminus final. Y a-t’il encore
place pour le bonheur? Est-ce une perte de temps? Nous sommes tellement occupés
dans la vie active ou à la retraite que je me demande pourquoi on perdrait du
temps à se demander si le bonheur nous habite.
En regardant le ciel étoilée la nuit
dernière, je me suis dit qu’il n’y avait rien de plus important que de
posséder, à l’intérieur de soi, le bonheur qui donne tellement un sens à notre
trajectoire de fin de vie. Je crois que chacun a sa propre potion de bonheur.
Ce parfum bonheurial qui est à quelque part en nous, qui est indéfinissable,
qu’on ressent parfume et transcende tout. Tout peut s’écrouler autour de nous,
tout ce qu’on ne peut pas contrôler, la seule chose qui compte, c’est ce parfum
qui aromatise notre vie. Si l’amour fleurit dans le jardin de notre existence,
nous vivons alors la totale.