mercredi 27 octobre 2021

Rêver à l’impossible

 


Au milieu de la nuit où le sommeil tardait à venir endormir l’être parfois torturé que je suis, une question existentielle est venue trottiner dans ma tête. Est-ce possible d’avoir encore des rêves à un âge avancé? Nous avons derrière nous l’enfance, l’adolescence et dans le monde adulte une carrière et finalement la retraite. On se retire de quoi au juste?

En prenant mon café ce matin, cette question me trottait encore dans la tête. Se retirer? Retraiter? Ces verbes me donnent froid au dos et me plongent dans un questionnement inquiétant. Est-ce que le rêve est encore possible? Est-ce que l’impossible peut devenir possible? Est-il possible de vivre le meilleur de notre vie encore aujourd’hui?

Voilà un questionnement qui ébranle mon monde intérieur, moi qui pensais faire une toute petite marche simple dans la nature georgienne. Ne me dites pas que je vais être obligé de faire une réelle transformation de mon monde intérieur pour entrevoir une réalité autre qui tuerait l’impossibilité de rêver.

En fait la question est de savoir si on peut encore se réinventer à ce moment-ci de notre vie, de notre âge assez avancé. Oublions la possibilité de changer d’apparence quoique dernièrement j’ai changé ma coupe de cheveux ce qui a fait parler. Non, il n’est pas question de partir à l’autre bout du monde surtout en cette époque troublée. Tout laisser tomber? Je me demande bien ce que je laisserais tomber. Il y a bien des morceaux de mon corps qui tombe sans me le demander.

Confucius est venu me rappeler qu’on a deux vies et que la deuxième commence le jour où on réalise qu’on en a juste une. Cela m’apprend que cette vie unique qui m’appartient me permet encore de me réinventer, de prendre le temps de vivre, de se recréer intérieurement, de s’émerveiller et d’aimer les êtres qui sont dans notre vie. Bref, pour conclure ce texte un peu simpliste, je l’avoue, on a toutes les ressources en nous pour nous réinventer et faire possibles nos rêves.

dimanche 31 janvier 2021

Le temps qu’il nous reste

 


Jamais je n’aurais pensé vivre une expérience aussi radicale comme vous toutes et tous d’ailleurs. Au début, on pense que cela sera éphémère, mais on se rend vite compte qu’il n’en sera pas ainsi. Alors on vit le deuil de nos petites habitudes. On vit toutes et tous un sentiment d’impuissance. Et puis le temps fait son œuvre.

On n’a pas le choix de changer notre regard et de voir la vie, le futur autrement. On se rend compte de ce qui est important et de ce qui l’était moins et auquel on attachait de l’importance. Le présent et l’avenir comptent davantage maintenant.

Il y a des leçons à tirer de ces moments incertains que nous vivons. On réalise que l’être humain est ce qui est vraiment de la plus haute importance. Nous vivons au même diapason que tous les êtres qui composent notre planète bleue. Cette planète qu’on violente trop et qui nous rappelle par ses cataclysmes qu’elle existe et qu’il faut y prêter attention.

Qu’en sera-t-il de nos rapports humains? Je crois que nous développons une plus grande empathie les uns envers les autres. Que chaque être humain compte vraiment et qu’une plus grande solidarité s’installe entre nous. On est plus attentif à ce que vit l’autre. Le confinement nous apprend qu’on peut se passer du superflu, de l’inutile qu’on croyait utile.


Une quête de profondeur s’installe en nous. On n’a pas le choix de s’interroger, de se remettre en question, de douter de nos certitudes antérieures, de voir différemment la vie, les êtres, la nature. Bref, cette pandémie nous aura transformés. Elle nous aura sorti de notre zone de confort. C’est l’avènement d’un nouveau monde, d’une nouvelle manière de vivre, de devenir plus zen.

jeudi 5 mars 2020

Être seul avec soi-même


Vous allez me dire que c’est une évidence. Vous avez raison, mais il est bon de s’attarder un peu sur ce que cela signifie. Peu importe ce que nous faisons, tout nous revient d’une façon ou d’une autre.  On a beau vivre dans une collectivité, il n’en reste pas moins qu’on est toujours seul avec soi-même. Il y a bien ces périodes d’ennui ou d’isolement où on a l’impression qu’une partie de notre vie nous manque et cela nous amène à vouloir nous réconcilier avec la vie et on ne sait pas comment faire.

On est n’est pas à l’abri du doute. On a l’impression ou la certitude que notre vie n’est pas pleine, qu’elle pourrait être encore plus pleine. Probablement c’est ce qui caractérise notre finitude, ce besoin de se projeter même si on ne sait pas ce que serait la plénitude de notre vie. Si on vit un manque, une impression que notre assiette n’est pas pleine, vous allez me suggérer de changer d’attitude, de jeter un regard différent, de revoir mes principes, de sortir des sentiers battus, de sortir de ma routine, bref d’être créatif, d’avoir du mouvement. Comme vous avez raison.

Il est vrai que la routine permet de ne pas dépenser trop d’énergie, de vouloir la paix, mais la vie peut devenir plate à cause de ce manque de créativité. La conscience caractérise l’humain que je suis. Si je regarde autrement, si je m’élève, il se peut que je perde l’illusion de manquer ma vie. Admettons que j’accepte qu’il est normal pour un être humain de ne pas être correct. Cette attitude m’enlève beaucoup d’anxiété et c’est déjà beaucoup. Il faut trouver une manière d’avoir du plaisir. Il est évident qu’on se crée des limites, un plafond. On se sent alors vulnérable. Alors, il faut briser ses limites pour faire disparaître l’anxiété.

Quoique l’anxiété nous atteint sournoisement, car nous vivons à une époque où toutes les tragédies humaines, les catastrophes nous sont communiquées en temps réel. Même si on est loin des médias sociaux, il y a toujours une personne pour nous demander si on est au courant de ceci ou de cela. En lisant La servante écarlate ou en regardant cette série télévisée comment voulez-vous ne pas avoir des rêves qui virent au cauchemar.

Il faut dire que l’actualité nous sert bien des drames. Même si je m’étends sur le fait qu’on est seul avec soi-même, on est un être social. On ne peut ignorer l’autre. Et puis, il y a cette nature qu’on peut admirer du moins ce qui en reste.

mardi 15 octobre 2019

Célébrer la vie


On me demande dans mes futurs écrits de célébrer la vie plutôt que de m’apitoyer sur notre condition humaine. On me dit : « Jacques, tu as déjà trop écrit sur la vieillesse et ses malheurs multiples, sur la mort inévitable, sur la finitude de l’être humain et moult autres sujets qui portent le bipède sans plumes à vouloir disparaître à tout jamais de la surface de la terre. »

Bon, relevons le défi de célébrer la vie. Par où commencer? Tiens, l’économie. Ah bon, on n’aura jamais notre pleine indexation, on s’appauvrit de plus en plus et nous ramasser dans un centre d’hébergement va nous coûter la peau des fesses. Tu t’écartes, mon Jacques. Tu dois célébrer la vie. Ah oui, 1 % détient toute la richesse. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Les Amazon, Facebook, Google, Apple contrôlent nos vies et savent ce qu’on aime manger, où voyager, où s’habiller, etc. De plus notre pauvre Desjardins se fait voler nos données identitaires par milliers. Tu t’écartes, mon Jacques. Tu veux que je louange le règne de l’auto, le transport du pétrole par trains ou pipelines?

Bon, essayons de trouver une fissure à quelque part où je pourrais célébrer la vie. Ah la politique… Au moment où j’écris ces lignes il y a dans ma Beauce natale un candidat climato-sceptique, anti-immigration, contre la gestion de l’offre, etc. Et les autres? Paroles, paroles, paroles me chanterait Dalida.

Allons du côté de nos viscères pour louanger la vie. On ne sait plus quoi manger, Fruits et légumes sont suspects à cause des pesticides. Nous devons laisser tremper nos raisins au cas où… La viande? Voulez-vous nous faire harceler par les véganes et les végétaliens. Et ces animaux qu’on ne laisse plus brouter en paix.

Au plus profond de toi-même, tu ne veux pas célébrer la vie n’est-ce pas? Oui, oui, je veux célébrer la vie même si l’art de s’épanouir dans un monde incertain est difficile. Pour célébrer dignement la vie, il faut avoir trouvé un sens à la vie. Aujourd’hui, on s’inquiète sur la l’avenir de la planète. On entend dire que des jeunes ne veulent plus mettre des enfants au monde, car la capacité de notre planète à nous nourrir a atteint ses limites.

Il faudra dans un autre article que je retrouve la route du sens, cette fameuse route qui me conduira à célébrer la vie.

mercredi 3 juillet 2019

Vieillir en sagesse

Encore une fois, je sors de mon lit en me disant que chaque lever me rapproche de la ligne finale fatidique. Vous allez penser que je vais encore écrire sur un sujet qui déprime et croire que ma vie de septuagénaire est d’une tristesse absolue. Absolument pas! Bien au contraire, malgré le fait que je ne puis nier ma courte promenade terrestre, le fait de se donner de la perspective et surtout de relativiser me permet d’inventer des façons de vieillir qui soient toutes nouvelles.

Alors oublions que chacune de mes respirations me rapprochent de la mort. Constatons que la destinée humaine a été et est toujours au centre de mes questionnements existentiels. Est-ce que le fait de vieillir empêche de trouver la vie intéressante?

Quand je regarde ma place dans l’univers et que je mesure avec modestie cette place, je m’étonne et je réalise la chance que j’ai d’être encore en vie et surtout d’arrêter d’avoir peur de vieillir, car c’est la seule façon de rester en vie. Le déclin physique et mental guette tout le monde. Je ne peux y échapper. Dans le mot vieillir, il y a le mot vie.

Célébrer la vie chaque jour, pourquoi pas! Je me convaincs chaque jour de l’importance de faire le ménage dans mes mémoires surtout celles qui empestent mon existence. Je connais trop de personnes qui pleurent ad nauseam une séparation, la mort d’une personne, etc. Réaliser que la personne la plus importante est soi-même et que rien qui nous arrive n’est le fruit du hasard. Dans tout, il y a quelque chose à comprendre.

C’est un cliché d’affirmer que je viens au monde seul et que je vais quitter ce monde seul, mais comme il est véridique.

samedi 30 mars 2019

Ce n'est qu'un rêve

Il y a de ces matins où j’aimerais oublier certains rêves qui émergent de zones inconnues de ma personne. En regardant cette autre journée qui s’éveille, j’ai décidé de créer un rêve qui restera hélas qu’un rêve à moins qu’un miracle ne se produise. On ne sait jamais. Tout est possible dans notre terrestre de vie.

De ce cher passé, pourquoi ne pas garder que de bons souvenirs de joie, de partage et de bonheur même si ces derniers ont été minimes. Si dans les jours qui viennent, j’arrêtais de me projeter dans le futur et encore moins d’aller faire des voyages dans les mauvais souvenirs du passé. Vivre tout simplement le moment présent sans me soucier de ce qu’il pourra bien se passer demain.

Je sais que le quotidien de ma vie ne sera pas parfait. Comment éviter les moments tristes, les coups de cafard, de colère, etc. La vie est faite de tout cela. Je sais que des collègues vivent quotidiennement des situations pénibles. Pour certains, c’est la perte d’un être cher et il faut alors apprivoiser la solitude. Il n’est plus là pour partager, se supporter, s’entraider. Pour d’autres collègues, c’est de prendre soin à longueur de journée de son être cher en perte d’autonomie. Se sentir alors seul dans cette nouvelle vie de proche aidant. Ne comptons pas sur cette chère société qui n’offre aucun répit. On a beau se dire que la vie c’est cela aussi. Il faut alors plonger au plus profond de soi et se dire qu’on sera plus fort qu’hier. La vie est trop courte et trop belle pour n’en garder que le mauvais.

Alors, mon rêve est d'aimer la vie dans les choses les plus simples, de nous aimer les uns les autres sans nous juger, sans nous critiquer ou essayer de nous changer, nous accepter avec les qualités et les défauts qui font ce que nous sommes. Le remède le plus efficace et qui surpasse bien des overdoses de pilules est l’amour dans le sens le plus noble de ce mot. Sans amour, à mon sens, on ne vit qu'à moitié. Je ne parle pas que de l'amour dans une relation amoureuse, mais de l'amour tout simplement ...il peut nous guérir de nos maux quotidiens, notre tristesse passagère, et de tellement de choses auxquelles on ne penserait pas.

Enfin pour terminer à élaborer ce rêve probablement utopique, pourquoi ne pas s’émerveiller tout simplement. Piétiner le négatif qui tente d’émerger. Rire ou du moins sourire quotidiennement même pour les choses les plus débiles. Surtout ne pas perdre espoir. Faire confiance à la vie. Voilà! Ce n’est qu’un rêve et je tenais à vous le partager.

mercredi 14 novembre 2018

Ecce homo


Oui, cet homme qui surgit des ténèbres d’une autre nuit se pose une terrible question existentielle que son café matinal aura peine à résoudre. Moi, je sais que j’existe. Aucun doute là-dessus, mais est-ce que Dieu existe vraiment? S’il existe vraiment, je me demande à quoi il ressemble et comment il intervient dans ma vie. S’il n’existe pas, je me demande pourquoi on l’a inventé.

Cet homme, cet ecce homo, n’est pas seul à vivre des moments de solitude, seul dans la maladie, dans le vieillissement et surtout devant la mort, la mienne ou celle d’un être cher. Je suis porté à penser que c’est pour combattre cette solitude qu’on a inventé Dieu.

Je ne vous apprends rien que la planète vit des moments qui sont d’une tristesse inouïe. Pourtant ce drôle de Dieu s’il existe n’intervient pas dans ce monde cruel. Famine, guerre, cupidité, aucun Dieu pour mettre fin à ces horreurs. Devant tout cela, je me sens tellement ridicule et insignifiant. Voltaire me soufflerait à l’oreille : « Jacques, cultive ton jardin, c’est ce qui compte. » Je l’entends ajouter l’importance de vivre même si Dieu n’existe pas. Sois un dieu pour toi-même et deviens de plus en plus une bonne personne.

Dans mon passé lointain, j’ai fait des études en théologie. Avec le recul du temps, je suis porté à penser que c’était du verbiage. Avancer en âge donne une certaine sagesse qui me fait rejeter les insignifiances ambiantes. Je sais que d’autres humains pensent différemment. La bienveillance me fait respecter le cheminement de chacun, mais Oh grand dieu, évitez de m’endoctriner. J’ai déjà trop bu de cette eau dans mon innocent passé.

Je sais que ces propos d’un homme à demi réveillé va causer de la peine chez plusieurs. La peine est une belle émotion. La foi est aussi un lieu de refuge rassurant qui nous évite de nous poser de véritables questions. En fait, la foi n’apporte aucune réponse. Elle nous laisse dans une obscurité totale. Cela ne nous empêche pas de vivre en pleine conscience et de s’émerveiller. C’est en regardant ma chatte Capucine qui se fout royalement de toutes ces questions existentielles que je retrouve une grande sérénité qui me permet d’apprécier ma tasse de café matinal Nabod.

mercredi 7 novembre 2018

Homo sapiens


Je me suis réveillé, ce matin, avec l’étrange sensation que dans un passé très lointain j’étais un chimpanzé. J’étais tanné de vivre dans le haut des arbres à courir après des fruits et d’avoir à protéger mon territoire et ma progéniture. C’est ainsi qu’après des milliers d’années, je suis devenu le bipède que je suis. Évidemment mon corps s’est transformé. Je ne suis plus le Cro-Magnon de jadis vivant dans le Périgord. Je ne suis plus le chasseur-cueilleur qui bouffait totalement tout son temps pour survivre. Je suis censé être maintenant un civilisé vivant dans le Nord des Amériques parce que mes ancêtres européens ont traversé l’Atlantique et se sont imaginé avoir fait une grande découverte. Imaginez! Ils se croyaient aux Indes.

Comment en arriver dans la jeune vingtaine à devenir un Jésuite? Eh bien l`être humain pour dominer et éteindre son emprise sur d’autres congénères a inventé des mythologies comme les religions, les systèmes politiques, les idéologies de toutes sortes, etc. Pensant bien faire de ma vie, j’ai bu de cette eau sans me poser de question. C’est ainsi que j’ai fait le vœu de pauvreté alors que les jésuites étaient propriétaires de collèges, des terres, des donations de toutes sortes. J’ai fait le vœu de chasteté sans trop comprendre pourquoi je devais renoncer à l’évidente réalité d’être un être sexué. L’obéissance? Quelle arme de sujétion!

Dans ma cellule à Saint-Jérôme où je devais méditer plus d’une heure chaque matin, j’aurais dû comprendre que ce Dieu que je priais ne me donnerait jamais de réponses. Je ne suis pas le seul à supposer qu’il a été créé par des bipèdes comme moi pour combler leur solitude ou leur angoisse existentielle. J’aurais dû comprendre que les milliers d’années qui précèdent mon ère chrétienne, les humains avaient inventé d’autres manières de combler leur solitude ou leur besoin de solidarité dans quelques mythologies qui leur faisaient du bien.

Comme plusieurs j’ai cherché le bonheur à l’extérieur de moi. Aujourd’hui, j’ai la pleine conscience que le bonheur est à l’intérieur de moi. Inutile de chercher ailleurs. Dans le calme, la simplicité, la tranquillité ce bonheur est toujours accessible.

jeudi 1 novembre 2018

Il y a tant à faire

Je me suis réveillé en sursaut en cette matinée nuageuse d’automne. Me trottait dans la tête cette chanson de Daniel Bélanger : « Il y a tant à faire ». Je dois vous avouer très humblement que gérer le temps est l’épreuve de ma vie. Combien d’agendas envoyés à la poubelle au cours de ces 80 années de ma terrestre vie.

À la retraite, je croyais à tort pouvoir me débarrasser de cet intrus dans ma vie. Comble de malheur, je l’utilise plus que jamais même pour noter la plus stupide niaiserie comme placer la poubelle au chemin le mardi. Ces derniers temps, ma mémoire m’a fait vivre un malaise dont j’ai peine à me remettre. Voici. Par hasard, je croise à l’épicerie une ex-enseignante retraitée dont je n’ai pu reconnaître le visage. Pourtant au cours de ma carrière, je dois bien avoir été dans les mêmes lieux au moins pendant 15 ans.

Alors pendant que je ramassais les feuilles que le vent d’automne amène sur ma  pelouse, je me posais la question existentielle suivante : qu’est-ce que le temps? Inutile d’imaginer que nous pouvons arrêter le temps de fuir. Fuir, mais où? Inutile aussi de me rappeler que je vis dans un espace-temps. Je sais cela. Nous savons tous cela. C’est une évidence.

Pour un retraité, est-ce possible de prendre son temps? Oui, au début, on prend son café matinal sans se soucier du temps, mais vient un moment où le vertige nous atteint. Il faut agir, car il y a tant à faire. C’est une course contre la montre. Il ne faut plus perdre une minute de ce précieux temps.

Alors me revient dans la tête mon ver d’oreille à l’origine de ce propos.

Il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
Une longue nuit... il y a tant à faire

Oui, le temps n’est plus au regret. Il faut me ressaisir

Me ressaisir en pensant au peu de temps qu’il me reste à vivre. Ah je vous entends me souffler à l’oreille que du temps j’en aurai abondamment quand je mettrai le pied dans l’éternité. Je serai probablement en dehors de nos paramètres terrestres d’espace-temps. Je serai dans une autre dimension ou peut-être tout simplement à nulle part. Alors il y aura peu à faire. Et ce n’est pas ridicule. Il me sera alors facile de m’immiscer dans la lumière ou dans des trous noirs où un long temps m’attend.

vendredi 27 octobre 2017

Combien de temps encore?

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Tout surpris encore de me réveiller en vie, je me pose la question existentielle par excellence. Combien de réveils me reste-t-il encore? Pour dire la vérité, cet homme qui a maintenant 75 ans est habité plus par les souvenirs que par les projets futurs.

Qu’est-ce que vivre? Qu’est qu’avoir vécu? Comment saisir ce que la vie pourrait encore m’apporter? Je n’ai pas le mode d’emploi pour la suite des choses qui concerne ma vie. Il y a ce vertige devant cette grande inconnue. Je ne vous cacherai pas que je suis assez et passablement hanté par la vieillesse, la maladie et la mort. Comment franchir ce vertige, voilà toute la question?

Repartir à la conquête de moi-même sans boussole et aucune carte ayant déjà tracée le chemin, tel est le destin du septuagénaire que je suis. On pense se connaître, mais ce qu’on sait de nous nous empêche probablement de nous connaître véritablement. J’ai lu quelque part que la vie, comme l’art, c’est tout ce que nous ne pouvons pas connaître, encore moins maîtriser.

Je vis dans une société atomisée et immobile où chacun est dans son coin gobant les vitamines du bonheur. Les gens autour de moi semblent incapables de gérer l’échec et les conflits. Il est impossible de traverser toute une existence sans vivre des moments de bascule. Je prends alors une grande respiration et j’essaie de me convaincre que le présent est le seul lieu du bonheur possible.

 Le fait d’exprimer cette prise de conscience la sort de l’ombre et me fait voir la lumière au bout du tunnel. Il faut que cette réflexion de l’écrivain Robert Lalonde me plonge à nouveau dans l’incertitude. « Je m’explique pas pourquoi chacun doit absolument le chercher, ce maudit bonheur, au risque de se rendre malheureux comme les pierres. » De nouveaux m’éclatent en pleine face les malheurs de notre temps, ces guerres, ces violences que subit notre monde au point d’oublier mes déchirements de conscience face à mon éventuelle finitude.

Il faudra bien que je trouve le moyen de faire naître l’espoir que ces quelques années qu’il me reste à vivre sont les plus importantes à ce moment-ci de ma vie. Force est de creuser au plus profond de moi-même et de faire un saut en hauteur qui fera luire la lumière évidente que le temps présent est de la plus suprême importance. Grégoire Delacourt résume bien tout mon ergotage précédent. « Il faut accepter la mort, que les choses ont une fin, et s’arranger pour profiter au maximum de la chance qu’on a d’être vivant, et d’avoir une vie qui fait que quand vient le temps de partir, on a fait le plein de la vie, on a été heureux, on ne regrette pas. »


mercredi 19 juillet 2017

Nostalgie odorante

Que sont mes senteurs devenues
Que de mon enfance
J’avais de si près senti
Et tant aimées
Elles se sont trop dissipées
Dans mon lointain passé
Je crois la mémoire les a ôtées
L’odeur est morte
Ce sont souvenirs que vent emporte
Et il ventait souvent dans mon rang
À Sainte-Évelyne

Avec le temps que la mémoire défeuille
Quand il ne reste à peine souvenirs
Qui se perdent dans la nuit des temps
Avec vieillesse qui m’atterre
Qui de partout me cause ennuis
Au temps de la nostalgie
Ne convient pas que je radote
Comme je me sens ridicule
En quelle manière

Que sont mes senteurs devenues
Que de mon enfance
J’avais de si près senti
Et tant aimées
Elles se sont trop dissipées
Dans mon lointain passé
L’odeur est morte
Ce sont souvenirs que vent emporte
Et il ventait souvent dans mon rang
À Sainte-Évelyne

Pauvre sens et pauvre mémoire
Qui m’ont été ôtés
Et pauvre vieillesse
Qui cause toute ma détresse
Qu’aucune senteur ne viendra combler

Poème inspiré de Rutebeuf


lundi 15 mai 2017

Memento mori


Je me suis réveillé, ce matin, avec cette phrase latine comme ver d’oreille. Cette énigmatique phrase criante de vérité veut dire : « Souviens-toi que tu vas mourir, toi aussi. » N’allez pas croire que je me pensais éternel loin de là, mais réaliser que ma vie aura une fin me fait apprécier mon café Nabob, torréfaction corsée.

À bien y penser, je vis le schéma que bien des civilisations ont vécu : naître, être, grandir, croître, se développer, rayonner, se fatiguer, s’épuiser, vieillir, souffrir, mourir, disparaître. Je ne suis pas le seul à penser que notre civilisation judéo-chrétienne est en train de s’effondrer. Que mes yeux se tournent vers nos voisins du Sud ou que mon regard se projette vers ces pays où on égorge, viole, bombarde, tue à qui mieux mieux au nom de quelques idiotes idéologies, cela me prouve que quelque chose ne tourne pas rond sur ma petite planète bleue.

Tout comme plusieurs d’entre vous, les voyages m’ont permis d’élargir mes horizons et de constater que mon coin de pays n’était pas le centre de l’univers. Dans la plupart de ces voyages, j’ai visité des ruines. Ce sont ces ruines qui attirent les touristes. Penser à l’Acropole à Athènes, au Colisée romain, à Stonehenge en Angleterre et à d’autres ruines que je  n’ai pas visitées comme Palmyre en Syrie, Khéops en Égypte. Cela prouve que les civilisations passent tout comme mon humble personne va disparaître dans un avenir pas si lointain.

Ce qui me console en beurrant ma rôtie, c’est que je suis le fruit d’une évolution qui s’étend sur des milliards d’années. Je vis sur une petite planète qui se promène dans cet univers que les puissants télescopes à peine entrevoient. Alors respire par le nez mon octogénaire et apprécie goulûment chaque seconde de ta vie.

Si une simple rôtie m’apporte un certain bonheur, force est de constater que je ne suis pas aussi pessimiste que cela, mais je ne n’ai pas le goût de rire ni de pleurer. J’essaie de comprendre dans quel monde de fous je vis. En 2023, dépenser des milliards et des milliards dans des équipements pour tuer, laisser des dictateurs tuer leurs peuples, laisser crever des populations entières, continuer à polluer et finalement ce 1% qui fait la pluie et le beau temps. Oui, j’essaie de comprendre. J’aimerais bien prendre un chocolat avec Voltaire ou une tisane avec Victor Hugo.

lundi 30 janvier 2017

Le temps n’est pas à rire

On ne parle que de cela
De ce drame et de ces drames
Partout sur la planète
Et même dans mon petit coin de pays

Ces monstres qui sèment la terreur
Ont-ils un jour été enfant
Ont-ils été bercés par une mère
Un grand-père jouant dans le sable

Comment peut-on traverser dans le côté sombre
Comment peut-on se plaire dans les ténèbres
Qu’apprend t’on dans ces hauts lieux du savoir
N’ont-ils pas lu Voltaire ou Victor Hugo
Pourquoi n’ont-ils pas fait le Chemin de Compostelle
Tuer des innocentes personnes de quel droit
Sont-ils propriétaires de la vie des autres

Ils auraient pu en ce soir d’hiver
Aller au Carnaval de Québec
Admirer le magnifique fleuve
Mais non bang bang on tue sans discernement
Des familles pleurent leurs morts
La nation entière est endeuillée
Des vies fauchées d’autres brisées
À tout jamais

Je ne reconnais plus ma planète
Je me sens de plus en plus étranger
Il y a d’étranges bêtes humaines
Qui vivent sur ma petite planète bleue
Ne tuons pas la beauté du monde
Gardons l’espérance contre toute désespérance
Allons mon ami va écouter ta musique préférée

Reste un être libre debout devant l’adversité

mercredi 14 décembre 2016

Espèce humaine en détresse


Alep
Ces êtres appartenant à la race humaine
Qui fuient les bombes, les massacres, les tueries
Perpétrés par d’autres humains qui actionnent
Ces armes comme des jouets
           
Rien absolument rien ne peut justifier
Qu’on tue, qu’on massacre, qu’on extermine
Ces combattants ont-ils une mère
Ces combattants ont-ils une compagne
Ces combattants ont-ils des enfants


Quand va-t-on sortir du Moyen-Âge
Que se lèvent les Voltaire, les Victor Hugo


samedi 10 septembre 2016

Se réinventer et aimer la vie

Ce matin, en me réveillant je me suis demandé qui je suis. Suis-je la personne définie par ce qu’elle a fait? Et si c’est du passé, la question demeure entière, qui suis-je maintenant? Pourquoi cette question existentielle en ce matin pluvieux? C’est que j’ai reçu dernièrement les confidences d’un collègue retraité qui m’a avoué être tombé littéralement en dépression pendant deux ans après avoir quitté l’enseignement. Alors que plusieurs vivent ces deux premières années d’une façon quasi euphorique, tel ne fut pas le cas pour cet homme. Cela mérite une réflexion de ma part.

Je ne vous apprendrai rien en écrivant que l’être humain est beaucoup plus que ce qu’il a fait ou fait au travail. Je connais quelqu’un qui est ingénieur et qui est en même temps un excellent pianiste. La retraite force la personne à se réinventer, à trouver en soi-même ses ressources qui vont remplir l’espace laissé libre.

Prendre le temps de vivre, car la vie qu’on a est ce qui est le plus précieux. On l’oublie et l’on perd un temps précieux à ne pas vivre comme on devrait vivre. Cette course effrénée vers les biens de consommation nous bouffe un temps précieux, celui d’avoir le temps de vivre.

Je me demande souvent où trouver le bonheur. Une petite voix me dit de chercher à l’intérieur de moi-même. Cette course à l’avoir nous empêche d’être. Souvent, c’est dans la sobriété qu’on retrouve l’essentiel : vivre tout simplement.


Parfois, il m’arrive de me rappeler comment mon enfance et mon adolescence étaient sous le signe d’une certaine pauvreté qui ne m’empêchait pas d’être heureux. Le temps passe et bientôt je ne serai qu’un vague souvenir pour ceux et celles qui ont été dans ma vie. Il me faut réinventer l’art de vivre ces dernières années en aimant tout simplement la vie.

lundi 29 août 2016

Le regret de vieillir

En me levant ce matin, je constatai une fois de plus que j’étais moins jeune qu’hier. C’était pourtant une terrible évidence. Devrais-je commencer ma journée en regrettant de vieillir? Dans le brouhaha de la vie active, on ne s’arrête pas à ce détail de l’existence, mais rendu à un certain âge cette donnée existentielle prend sa revanche.

Il faut confesser que ce pauvre corps qu’on malmène trop nous donne des signes évidents de vieillissement. Je m’en rends compte quand j’ai à désherber mes platebandes. Je me relève tout courbaturé en attente presque d’une civière. Mes muscles se moquent de moi. Même en descendant les marches de l’escalier, je me surprends à m’appuyer sur la rampe que je bénis d’être là à mon service.

Avec tous ces maux qui accablent ce pauvre homme du troisième âge que je suis, je me découvre une nouvelle maladie celle d’avoir mal au temps. Ce fameux temps gagne en force alors que mon énergie baisse. Drôle de paradoxe! Il m’est difficile de me résigner au vieillissement, mais il me faut plus que jamais apprivoiser mes pertes. Cela ne sert à rien de se résigner et encore pire de se révolter ou de se décourager de durer si longtemps.

 Si j’écoute le psychiatre qui sommeille en moi, sa voix s’élève pour me convaincre d’aimer la partie minable, la partie inacceptable de mon être qui porte ombrage au côté lumineux de mon lointain passé enfoui dans mes souvenirs. Pas facile de tout aimer dans son corps. Cela implique tout un travail sur soi. Que de sueurs en perspective!

Je me dois d’aimer les résistances de mon corps, les manques d’endurance, les désirs qui restent seulement des désirs, ce visage qui se détourne du miroir ne pouvant supporter ce visage un peu ridé et cette peau qui n’a plus la délicatesse de la jeunesse. Je ne parle pas de mes cheveux aux couleurs des nuages.

Je me souhaite un miracle, celui d’aimer cet être qui a pris de l’âge. La société devra accepter de me côtoyer. La jeunesse éternelle est un eldorado inatteignable. La jeune génération se devra de me regarder, car telle sera un jour son destin. Elle fera le terrible constat que le temps est assassin.

jeudi 30 juin 2016

Démêler le vrai du faux

Ce matin, je me suis réveillé avec d’étranges souvenirs nocturnes. Normalement, je n’ai pas souvenance des invraisemblables univers où la nuit me véhicule. Le poids du passé est venu me rattraper. La grande question existentielle qui me trotte dans la tête même quand j’essaie d’être lucide : qu’est-ce qui est vraiment réel ? Est-ce que les gestes que je pose dans ma quotidienne vie plongent leurs racines dans du vrai, du réel ?

Commencer sa journée avec une telle question peut sembler surréaliste. Ne vaudrait-il pas mieux regarder dehors quel temps il fait, ouvrir la télé et écouter Salut Bonjour ou tout simplement me laisser guider par les 24 mouvements du taïchi ou vérifier si mes  plantes ont besoin de la belle eau fraîche ?
Mais non… Pas de repos pour le mortel que je suis. Les images de ma nuit agitée défilent dans ma tête. Je vois différentes personnes de confessions semblables ou différentes en train de prier. Je vois le chrétien agenouillé à la Place Saint-Pierre, le musulman dans une mosquée d’Istanbul, un juif hassidique devant le mur des Lamentations à Jérusalem, un moine bouddhiste assis en lotus devant le Gange, un Derviche tourneur quelque part au Népal.
Je me suis rappelé les prières du matin et du soir de mon enfance ordonnées par une mère pieuse. Le fameux chapelet du soir qui nous sortait de nos jeux dans la cour et si par malheur ma dévote mère décidait de se lancer dans les litanies, quelle crucifixion de nos réalités adolescentes.

Si j’étais un dieu ou une quelconque divinité, j’aurais d’autres chats à fouetter que d’exiger qu’on me prie. Si je sais tout, si je peux tout, si je suis infiniment bon, je vais gérer vos problèmes terrestres sans vos interventions.

Je constate tous les jours comment les peurs, les superstitions, les angoisses existentielles, les idéologies, les traditions modulent la vie des personnes. Je ne suis pas un modèle pour générer une réponse qui correspond au vrai, au réel.
L'octogénaire que je suis est capable de mesurer comment ce qu’il prenait pour du vrai a fait bifurquer sa vie dans des dimensions qui ne correspondaient pas à la réalité d’un simple mortel qui devait construire sa vie selon ses propres paramètres. Souhaitons que je me donne encore quelques années pour réussir à démêler le vrai du faux.