Le Père Noël chez Walmart

 

Je suis le Père Noël

Je suis une ordure

Je suis conscrit à contrecoeur chez Walmart

Je dois me faire asseoir des centaines de bambins

 

J’ai mal aux genoux à cause de mon arthrite

Je vois déjà une marée de bambins et de mamans

Je sens déjà la merde dans la couche de certains

Je dois cruellement subir mon cruel destin

 

Je reçois tout  un crachat du premier bambin

Je suis certain que c’est un maudit enfant roi

Je lui fais une grimace et William se sauve en pleurant

Je m’emmerde cruellement dans cette maudite galère

 

J’entends Samuel me dire qu’il hait ses parents

Je vois Noémie refuser mon cadeau en rechignant

J’assiste sidéré au refus de Magan de venir s’asseoir

J’aimerais fuir ce maudit Walmart à la con

 

J’entends à peine les bribes de mots d’Ariane et d’Alexis

J’admire le silence très prolongé de Jade et de Thomas

Je me fais tirer la barbe par Mathis et Jeremy

J’ai failli leur arracher les oreilles à ces petits cons

 

Je suis fourbu et totalement crevé de fatigue

Je suis sur le point de sombrer dans la démence

Je ne vois plus les Léa, les Sarah, les Laurie, les Anthony

Je ne vois que des scories, des consommateurs à tout prix

 

Je prie Uniprix, Familiprix, Maxi, Sears, Zellers de m’oublier

Je crie à qui veut m’entendre que je ne suis plus capable

Je demande à Karl Marx de venir me kidnapper

Je suis la plus abominable immondice de la terre

  

Je suis très malheureusement dans un Walmart

Je ne sais pas ce que je fais là

Je suis le Père Noël

Je suis un vil insecte baignant dans sa chiure

Le Père Noël : quinze ans après

 

Je m’étais servi de ce personnage

Il y a quinze ans

Pour dénoncer le mercantilisme

Entourant les festivités de Noël

Et  jeter un regard critique sur les maux

De cette époque

 

À cette époque Harper était à Ottawa

Bush était à la Maison Blanche

Force est de constater si vous relisez

Ces péripéties écrites il y a fort longtemps

Que notre planète est encore secouée

Par de nombreux et tristes maux

 

Je n’ose pas trop les énumérer

Pour ne pas vous plonger

Dans une profonde dépression

Pandémie, réchauffement climatique

Sécheresse, inondations, désertification

Fausses nouvelles, violences urbaines

Écart de richesses, etc. etc. etc.

Je ne peux m’empêcher de reprendre

Ce qui était écrit dans le dernier épisode

Le fameux épisode où le Père Noël

A décidé de ne plus exister

 

« Les humains doivent se sauver eux-mêmes

Ils ne doivent plus compter sur un Messie

Le Père Noël représente la pensée magique

Le fameux coup de baguette qui résout tout

Encore une  fois le Père Noël comprend

Qu’il se doit de ne plus exister

Il ne fait que créer illusions et fumisterie

Le rêve ne supplantera jamais la réalité. »

Seul sur un banc

 

Une belle journée d’automne

Je le vis là seul sur un banc

Loin de ses êtres chers

Loin de sa vie d’autrefois

 

Le regard était triste

Une salutation inaudible

J’aurais dû m’arrêter

J’aurais dû lui parler

 

Je ne l’ai pas fait

Comme des milliers d’autres

Abandonnés et laissés seuls

Le silence du poids des âges

 

La ville bourdonne d’activités

Les couleurs d’automne

Les mésanges chantonnent

Lui gît dans l’inactivité

 

Je ne voulais pas entendre

Que celle qu’il aimait

N’était plus de ce monde

Que ses enfants fort occupés

N’avaient pas de temps pour lui

Que son corps usé par le travail

Ne voulait plus de lui

Que la routine et l’oubli

Étaient son lot quotidien

Que j’entrevoyais déjà

Le jour fatal de mon issue finale

 

Je m’éloignai triste

Je vis plus loin

Un autre homme

Assis seul sur un banc

 

Terrible destin que celui

D’un unique passage

Sur cette planète

Lembranças brasileiras

 

Tous les jours elle se pointait

À la même heure à notre porte

Dans l'espoir souvent heureux

De cueillir nos restes de table

 

Valderys elle se nommait

Au visage d'ange aux yeux tristes

Affamée comme pas une

Tout comme sa pauvre famille

 

Si je quittai jadis le Brésil

Si je perdis ma vocation

Si s'en furent mes illusions

C'est à cause du ventre affamé

De la petite Valderys ma soeur brésilienne

 

Ma mauvaise conscience jésuitique

Ne pouvait se refaire une virginité

Abreuvé que j'étais si abondamment

Aux mamelles de la riche Compagnie

 

Qu'aurais-je foutu comme sauveur nordique

Dans le pauvre Nordeste brésilien

L'image des pauvresses de Juazeiro do Norte

Les masures dévastées de Cortes

Autant de clous qui fermèrent

À tout jamais le tombeau

De mes candides illusions

 

Les milliards dilapidés dans des guerres stupides

Ces milliardaires qui se foutent des gens qui crèvent

Ces politiciens manipulés par des groupes d’intérêt

Et nous qui assistons à ce spectacle désolant

Et nous qui se sentons si impuissants

Qu’adviendra-t-il de notre pauvre planète?

Novembre à Miami Beach

Oui il y le soleil et la plage

Oui il y a les bars et la vie nocturne

Il y a cette nonchalance latine

Et il y a ce touriste que je suis

 

Ce musée de l’holocauste

Que j’ai visité ce matin

Me jette en plein visage

Ce qu’il y a de pire chez les humains

 

Ces êtres de l’ombre aux egos surdimensionnés

Qui ont une meute qui les idolâtre

Qui boit leurs discours de haine

Qui ne voit pas leur turpitude

 

Poète regarde autour de toi

Il ya de ces êtres un peu partout

Qui foutent le bordel

Il y a péril en la demeure

 

Oui je le sais et je maudis

Toute idéologie ou religion castrante

Tout ce qui empêche l’humain

De se questionner et de douter

 

Où sont nos Voltaire et Victor Hugo

Où sont nos Mandela et Gandhi

Cherche cherche mon poète

On ne sait jamais

Une femme comme elle

 

Dans ces moments de grande douleur

Dans ces moments où on a l’impression

Que notre monde ne sera plus jamais comme avant

Elle était et est toujours là

 

Non pas seule mais aussi avec son amoureux

Pour apporter un réconfort si nécessaire

De petites attentions qui font la différence

Elle était et est toujours là

 

Dans ce monde où les drames nous crèvent le cœur

Dans ces endroits où on cherche un peu d’humanité

Une denrée si rare chez ces êtres de l’ombre

Elle était et est toujours là

 

Alors qu’une année s’ajoute à sa vie si pleine déjà

Je veux lui rendre un hommage bien mérité

Elle sème la joie, la tendresse, un bonheur contagieux

Elle était et est toujours là

Et je sais qu’elle sera toujours là

 

Merci Luce d’être dans ma vie

Une lumière qui brille

Une fleur qui embaume

Une réelle amie

La plénitude

 

Tu as poétisé hier sur la finitude

Tu pourrais le faire sur la plénitude

Cette quête de plénitude dans ta vie

Cette compréhension de qui tu es

 

Que dire d’intelligent en effet

Étaler mes valeurs, mes passions, mes forces et mes faiblesses

Nécessaire introspection, méditation, réflexion sur ma propre vie

Apprécier ce que j’ai déjà et me sentir satisfait et heureux

 

Accepter que la vie comporte des hauts et des bas

Éliminer le superflu, les relations toxiques

Pratiquer la méditation et la pleine conscience

Amener des personnes positives et encourageantes

 

Poursuivre mes passions

Trouver l’équilibre dans ma vie

Cultiver mon esprit

Pratiquer la générosité et la gentillesse

 

Arrête d’en ajouter

Tu vas atteindre ta finitude

 

La finitude

 

Mon voyage sur cette terre

Va m’amener au bout du temps

Une fois ce périple accompli

Je vais être hors du temps

 

Rien n’est éternel

Chaque saison n’est pas figée

Dans le temps

Elle doit laisser la place

À la suivante

 

Mon voyage sur cette terre

Me fait découvrir des espaces

Mais un jour viendra

Où je serai hors de l’espace

 

Il y a un temps pour la naissance

Comme il y a un temps pour la finitude

Mon passage sur cette terre est limité

Cette limite m’amène à considérer

Le temps qu’il me reste à être précieux

  

Je suis petit et éphémère

Dans l’immensité de l’univers

La finitude me rappelle chaque jour

Que la vie malgré sa brièveté

Peut être extraordinaire

Si je la vis dans la pleine conscience

 

 

L'absente présente

 

Pendant tous ces mois que je t'attends en vain, comme si un miracle se pouvait

Pendant tous ces mois je m'accroche aux souvenirs de nos instants de présence

Mais je sais que ces pensées fugaces sont rien aux côtés de ce qu’on a vécu

Maintenant nous sommes dans une toute autre réalité étrangère à notre passé

 

J'ai vécu ces mois, ces presque deux années en attendant de toi un signal

Je me suis brûlé aux soleils les plus chauds en fuyant l'hiver glaçant mes émotions

Et j’essayais d'allonger un jour en une éternité de souvenirs nos étreintes

 

Ce matin, je me suis levé en pensant à ton jour d’anniversaire

J'aurais dû dormir jusqu'à demain pour oublier toute cette douleur

Ce matin, je me lèverai quand même et je regarderai une de tes photos

Car je sais, tu n’es plus là et je n’y peux rien vraiment

 

A la pensée de me retrouver tout seul perdu dans mes souvenirs

A la pensée de ne plus te susurrer à l’oreille milles fois que je t’aime

J'aurais envie de me perdre dans la forêt et fuir vers des contrées inconnues

Et de ne plus jamais revenir dans ce qui fut jadis nos espaces théâtre de nos amours

 

Car de tes espaces qui me sont inconnus tu me dis de regarder mes lendemains

Redonne-toi le goût de suivre ton chemin  qui te mènera je ne sais où

Mais je sais que tu peux vivre sans avoir à nouveau à me tenir la main

Ton destin n’est pas le mien et va où d’autres demains te tendent la main

La Sinéad en moi

 

Si vous avez mon âge

Peut-être plus peut-être moins

Ce qu’a vécu Sinéad

Dans son enfance irlandaise

A été vécu avec plus ou moins

D’intensité dans ma naïve vie

D’antan

 

Oui j’ai vécu cet enfermement

Encastrant dans ta conscience

Des mythes que je prenais

Pour des vérités

 

Un jour l’être naïf que j’étais

S’est réveillé et a découvert

La merdique salade castrante

Un réveil brutal que de constater

Que cette merde a emmerdé mon enfance

Et ces belles années d’adolescence

Où d’autres rêves auraient pu

Germer pour embellir mon existence

 

Ah que je comprends la révolte de Sinéad

Son départ réveille encore en moi

Des soubresauts de révolte

Même si la vie m’a permis

De balayer sous le tapis

Toutes ces balivernes