jeudi 5 janvier 2023

Il y a des mots

 

Quand j’écoute ces paroles chantées pas Luce Dufault ou Francine Raymond, je ne peux m’empêcher de penser à la criante vérité de cette chanson qui m’émeut tellement.

Oui, il y a des mots qui blessent, mais il y a des mots qui consolent.

Il suffit de perdre un être cher pour s’en rendre compte. Hier encore, on m’annonçait le départ d’une personne que je connaissais. Parfois, on ne sait quoi dire, mais un seul regard, un silence, une présence nous suffit. Cela amène le philosophe que je suis à réfléchir sur l’importance et la grande utilité salvatrice des mots. Comment consoler un enfant qui pleure, si ce n’est par des mots de tendresse, de consolation.

Une amie qui nous annonce la récidive de son cancer si elle nous le dit c’est qu’elle attend des paroles d’apaisement, de compréhension, de partage de son angoisse. Elle attend des paroles de rédemption. À une époque lointaine où j’étudiais la théologie, je méditai longtemps cette parole énigmatique : Et le Verbe s’est fait chair. Je tentais de comprendre ce que cela voulait dire vraiment dans nos vies.

Plus tard dans la vie, j’ai compris qu’il y a des mots, des paroles qu’on n’oublie jamais. C’est cela qui entre dans notre chair et nous donne de l’espoir en des jours meilleurs. J’ai aussi malheureusement dit des mots qui m’échappent et que j’aurais aimé reprendre, mais jamais je n’ai dit des mots qui déchirent et séparent à jamais.

Je vois cependant autour de moi des personnes qui ne se parlent plus, qui se murent dans le silence. Pourtant seulement les mots pourraient briser ces chaînes qui les font souffrir, mais ils n’osent pas bâtir des ponts. J’ai eu de ces confidences qui m’ont plongé dans une immense tristesse. À quelque part, nous sommes des êtres de lumière et si on veut partager cette lumière, il y a les mots que notre intelligence, cette lumière intérieure se doit de partager sinon c’est la solitude, ce grand mal de vivre des temps modernes.

Dans ces quelques années qu’il nous reste à vivre, nous avons tous et toutes ce pouvoir entre nos mains : celui des mots qui font vibrer, des mots de tendresse, des mots d’amour envers cette humanité parfois et si souvent souffrante.

Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

 

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