Quand j’écoute ces paroles chantées pas Luce Dufault
ou Francine Raymond, je ne peux m’empêcher de penser à la criante vérité de
cette chanson qui m’émeut tellement.
Oui, il y a des mots qui blessent, mais il y a des mots
qui consolent.
Il suffit de perdre un être cher pour s’en rendre
compte. Hier encore, on m’annonçait le départ d’une personne que je
connaissais. Parfois, on ne sait quoi dire, mais un seul regard, un silence,
une présence nous suffit. Cela amène le philosophe que je suis à réfléchir sur
l’importance et la grande utilité salvatrice des mots. Comment consoler un
enfant qui pleure, si ce n’est par des mots de tendresse, de consolation.
Une amie qui nous annonce la récidive de son cancer si
elle nous le dit c’est qu’elle attend des paroles d’apaisement, de
compréhension, de partage de son angoisse. Elle attend des paroles de
rédemption. À une époque lointaine où j’étudiais la théologie, je méditai
longtemps cette parole énigmatique : Et le Verbe s’est fait chair. Je
tentais de comprendre ce que cela voulait dire vraiment dans nos vies.
Plus tard dans la vie, j’ai compris qu’il y a des
mots, des paroles qu’on n’oublie jamais. C’est cela qui entre dans notre chair
et nous donne de l’espoir en des jours meilleurs. J’ai aussi malheureusement
dit des mots qui m’échappent et que j’aurais aimé reprendre, mais jamais je
n’ai dit des mots qui déchirent et séparent à jamais.
Je vois cependant autour de moi des personnes qui ne
se parlent plus, qui se murent dans le silence. Pourtant seulement les mots
pourraient briser ces chaînes qui les font souffrir, mais ils n’osent pas bâtir
des ponts. J’ai eu de ces confidences qui m’ont plongé dans une immense
tristesse. À quelque part, nous sommes des êtres de lumière et si on veut
partager cette lumière, il y a les mots que notre intelligence, cette lumière
intérieure se doit de partager sinon c’est la solitude, ce grand mal de vivre
des temps modernes.
Dans ces quelques années qu’il nous reste à vivre,
nous avons tous et toutes ce pouvoir entre nos mains : celui des mots qui
font vibrer, des mots de tendresse, des mots d’amour envers cette humanité parfois
et si souvent souffrante.
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots
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